Nation X est un très long arc qui contient beaucoup de petites choses. On peut avoir l'impression que rien n'avance mais il n'en est rien, Matt Fraction effectue un travail de titan dans ces épisodes.
Il installe le nouveau statu quo des mutants, qui sont maintenant les souverains d'une île. Le scénariste travaille énormément sur les personnages notamment Scott, en montrant ses faiblesses et sa froideur, qui ne sont qu'apparentes car le personnage se soucie des mutants en général, de leur bien à tous et non d'un individu en particulier. Le Fauve fait aussi partie du lot, de manière moins flagrante mais par petites touches, ce qui amène à un départ que l'on sentait venir depuis un moment. Fraction ramène un ancien personnage très connu en la personne de Magnéto et l'intègre rapidement au staff X lui donnant beaucoup de valeur.
Au niveau des histoires, il invente de nouveaux vilains tout en s'appuyant sur le travail déjà effectué, on parle donc de Sublime et d'un virus se liant ainsi au run de Morrison, montrant que tout n'est pas oublié. Il résout son intrigue sur le bout de Voïd coincé dans Emma. Il prépare aussi des nouvelles aventures avec le nouveau rôle de Danger par exemple. On le voit aussi très soucieux d'aspects plus simples et souvent absent comme l'alimentation, la cohésion du groupe... Le tout sans oublier de fournir une certaine dose d'action afin de ne pas endormir le lecteur.
Avec cet arc, on voit bien le travail dans la longueur réalisé par Matt Fraction, rien n'est mis de coté longtemps, certes certains personnages ont plus de temps de présence mais c'est souvent justifié et bizaremment jamais trop au détriment des autres. Il sait utiliser les idées de ses collègues comme avec Malicia. Fraction est capable d'utiliser un grand nombre de personnages rapidement et de les faire interagir correctement, créant une dynamique de groupe très agréable. Au final, on a un arc très sympa à lire, certes c'est pas du Morrison ou du Claremont des premières heures, mais cela reste très bien fait avec un grand respect de ce qui a été fait avant.
Au dessin, nous retrouvons le tandem habituel Land/Dodson, avec cette fois seulement deux épisodes de Terry Dodson qui rend des planches bien faites, mais relativement vides avec beaucoup de blanc, ce qui quelque part lui permet de mieux se concentrer sur les personnages. Sans être magniique, c'est assez joli à regarder.
Greg Land officie le reste du temps avec son style photo réaliste, la bataille entre les pour et contre est toujours présente, personnellement je suis toujours contre les scènes de combat (trop figées) et assez pour dans les instants plus calmes. Reste quand même une grande pauvreté dans le découpage trop cinémascope.
Le dernier épisode voit le retour d'un ancien dessinateur de la période Jim Lee. Il s'agit de Whilce Portacio, qui revient le temps d'un épisode (puis d'un arc à parti du #527). On reconnaît tout de suite le style de l'artiste qui semble plus en forme que sur ces dernières productions. Les visages sont toujours un peu déformés mais moins qu'à une époque, l'ensemble est très lisible et les planches assez jolies.