Zaï zaï zaï zaï
8.1
Zaï zaï zaï zaï

BD franco-belge de Fabrice Caro (Fabcaro) (2015)

Le road trip du ticket oublié et du rire assuré

Zaï zaï zaï zaï de Fabcaro, c’est un peu comme un éclat de rire incontrôlable dans une salle d’attente : inattendu, absurde, et diablement contagieux. Cette BD n’est pas seulement un récit, c’est une expérience. Une invitation à plonger dans un univers où la banalité de l’oubli d’une carte de fidélité se transforme en chasse à l’homme digne d’un thriller décalé.


Le pitch ? Un auteur de BD, alias le Fabcaro fictif, oublie sa carte de fidélité en caisse. Rien de dramatique ? Eh bien si, dans ce monde où la société semble avoir érigé la conformité en dogme, ce simple oubli déclenche une cascade d’événements absurdes. On passe des policiers en mode Les Experts à des interviews télévisées dramatiques, le tout pour une affaire aussi grave que… pas grand-chose.


Le génie de Fabcaro, c’est de pousser l’absurde à son paroxysme tout en tenant un miroir hilarant et glaçant à notre société. À travers des situations grotesques et des dialogues ciselés, il dévoile les travers d’un monde obsédé par les apparences, les jugements à l’emporte-pièce, et les grands débats sur des futilités. Le tout est raconté avec un flegme déconcertant, comme si cette folie ambiante était la chose la plus normale au monde.


Graphiquement, le style minimaliste de Fabcaro sert parfaitement le propos. Pas besoin de fioritures : les personnages, souvent figés dans des expressions stoïques face à des situations invraisemblables, amplifient l’effet comique. La simplicité du dessin laisse toute la place à l’humour, qui explose dans chaque case comme un pétard malicieux.


Mais derrière le rire se cache une satire sociale aussi acérée qu’un couteau à beurre dans les mains de Fabcaro. L’auteur dézingue tout : les médias, les mentalités étriquées, la justice déconnectée, et même les romans de gare. Et pourtant, jamais il ne tombe dans le cynisme : il y a une tendresse dans cette absurdité, un amour pour les failles humaines.


Certains pourraient reprocher à Zaï zaï zaï zaï son caractère volontairement décousu, presque skit après skit. Mais c’est précisément ce chaos organisé qui fait sa force. On ne lit pas cette BD pour suivre une intrigue linéaire, mais pour se perdre dans un labyrinthe d’humour absurde et de réflexions mordantes.


En résumé : Zaï zaï zaï zaï est une pépite d’humour décalé, une bouffée d’air frais dans un monde qui prend tout beaucoup trop au sérieux. Fabcaro signe ici un chef-d’œuvre de satire contemporaine, à la fois hilarant et grinçant. À lire, relire, et offrir à toute personne qui sait encore rire des absurdités du quotidien. Et promis, personne ne vous demandera votre carte de fidélité.

CinephageAiguise
8

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Créée

le 28 nov. 2024

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