Zero
7.8
Zero

Manga de Taiyō Matsumoto (1991)


Zero ou l’histoire du boxeur trentenaire, Goshima...



C’est un Taiyō Matsumoto qui prend ses marques, qui débute, un univers graphique et thématique à l’état embryonnaire qui ne demande qu’à se développer, qu’à exploser: utilisation poétique de métaphores, la marginalité du personnage principal… Plusieurs éléments qui feront la puissance de Ping-pong, cinq ans plus tard, également publié dans Big Comic Spirits.


Le découpage du premier tome est très conventionnel, alors que le second aura tendance à se libérer des contraintes à mesure que la folie gagne du terrain et que le climax se rapproche. L’utilisation du noir est magnifique et le tome 2 est marqué par certaines cases particulièrement sublimes.


D’un point de vue narratif, le contrepied est ici de prendre un personnage en fin de carrière alors que les mangas de sport ont tendance à s’attarder sur les jeunes talents en pleine ascension, et de suivre cette ascension. Cela dote le manga d’une certaine mélancolie malgré la folie de Goshima, tout en se concentrant sur la fin d’une ère, d’un rêve. Et c’est ce qui est absolument brillant dans ce titre (aux antipodes d’un Coq de Combat): à travers un match occupant tout le second volume, Matsumoto développe une connexion entre deux personnages, et l’action n’est que le prétexte d’une transmission tissée subtilement, puis ostensiblement au cours des chapitres.


Ainsi, en plus d’être de plus en plus palpitant, Zero est extrêmement touchant, et ce malgré ses petits défauts qui paradoxalement renforcent cet attachement. Zero est aussi le titre le plus tragique de son auteur, le plus éprouvant, le plus mélancolique. Mais Zero était surtout une promesse, celle d’une grandeur à venir, et on sait depuis longtemps que cette promesse a largement été tenue.

Templar
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes La voie d'apprentissage du manga, Itinéraire de bulles et de dessins et Taiyō Matsumoto: Number One

Créée

le 1 mars 2014

Critique lue 1.8K fois

22 j'aime

10 commentaires

Templar

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

22
10

D'autres avis sur Zero

Zero
Aenor_
7

Zero pour l'éternité

Encore de la boxe! Après Blue Corner il y a peu, Pika remet les gants avec une œuvre de jeunesse de Taiyô Matsumoto Un titre de jeunesse qui a pour héros un vieux (de 30 ans): Goshima dit Zero,...

le 16 juin 2018

7 j'aime

Zero
Josselin-B
6

Le mal nommé

D’habitude, la poésie tout en fond d'intrigue, j’y suis bien peu réceptif. La faute à une sociopathie mordante qui pousse chez moi la fonctionnalité à prendre trop souvent le dessus. Aussi, les plus...

le 1 mars 2024

4 j'aime

Zero
NicolasBlin
7

Antinekketsu

Rocky, Raging bull, Ali...la boxe, avec sa dramaturgie primale et ses affrontements homériques, est LE sport cinématographique par excellence, mais se défend pas mal en manga! Tout en développant des...

le 10 août 2018

4 j'aime

Du même critique

Gatsby le magnifique
Templar
5

The Great Baz Art!

Baz Luhrmann a une vision baroque du cinéma: le 7e art est pour l'Australien un vecteur de spectacle, ça doit être plus grand que la vie elle-même, ça doit déborder à outrance comme si le cadre était...

le 15 mai 2013

102 j'aime

27

Roman avec cocaïne
Templar
9

Dark Was the Night, Cold Was the Ground.

"Cette nuit-là, j’errai longtemps encore sur les boulevards. Cette nuit, je me promis de garder toute ma vie, toute ma vie, les pièces d’argent de Zinotchka. Quant à Zinotchka, je ne l’ai plus...

le 21 mars 2013

82 j'aime

15

Ulysse
Templar
10

BIG BADA BLOOM! (Homer Variations: Aria)

Aux premières pages, sentir comme un brouillard épais qui nous enveloppe, ou plutôt comme la noirceur de la nuit, mais les yeux s'accoutument, c’est bien fait des yeux, et on discerne des formes, pas...

le 26 oct. 2013

69 j'aime

17