Passer après la réussite crépusculaire qu'était Skyfall n'était pas une mince affaire et malheureusement, Spectre en est l'exemple flagrant, tout en confirmant ma crainte principale, à savoir que les 007 période Daniel Craig sont relativement foiré une fois sur deux. Et pourtant j'y ai cru, du moins pendant cette séquence inaugurale rondement menée et parfaitement mise en scène.


Plan-séquence superbement orchestré, la scène figure parmi une des plus réussies de la saga, dont le cadre du Jour des Morts apporte une dimension spectrale et funeste à toute la première partie d'un film qui ne tardera pas à retomber comme un soufflé. Une ambiance pesante placée sous le signe de la mort, Spectre convoquant les fantômes du passé afin de boucler la boucle d'un cycle pour le moins torturé.


L'autre ambition de Spectre, clairement annoncée à la fin du précédent volet, était de renouer avec le 007 des débuts, avec un spectacle alliant action et humour. Un retour aux gadgets, aux méchants hauts en couleur, aux James Bond Girls sexy (et surtout faciles), tout en restant sur la continuité des précédents films. Ce que rate précisément Spectre.


Certes correctement torché par Sam Mendes et bénéficiant d'une photographie tout simplement sublime, Spectre ne parvient jamais à passionner, à mélanger les différents partis-pris. D'abord intrigant, le script fini par devenir lassant, peinant à illustrer correctement les ambitions d'un projet censé revenir aux sources et lever le voile sur une poignée de mystères. Qu'il s'agisse de la romance, fade et incompréhensible, ou de l'avènement du grand méchant attendu, l'encéphalogramme reste désespérément plat malgré une poignée de scènes d'action agréable.


Emprisonné dans son rôle, n'ayant visiblement plus grand chose à jouer, Daniel Craig continue à faire le boulot avec une certaine efficacité mais sans grande conviction. A ses côtés, Christoph Waltz se cantonne à son rôle habituel de bad guy aussi suave que sadique, pas aidé par un manque total d'écriture. Naomie Harris et Ben Whishaw jouent les utilités (même si les échanges de ce dernier avec le héros sont sympathiques), pendant que Monica Bellucci s'avère totalement inutile et interchangeable, tant son peu de présence tien de la pure blague. Quant à Léa Seydoux, incapable de transmettre la moindre émotion, elle ressemble à un cyborg à qui l'on aurait greffé des répliques pré-enregistrées. Reste Dave Bautista, seul élément un tant soit peu rafraîchissant en tueur mutique et imposant.


Sans être catastrophique (c'est quand même bien mieux que Quantum of Solace), Spectre est une belle déception, un opus qui démarre sur les chapeaux de roues sur une atmosphère mortifère, pour mieux dégringoler par la suite. En espérant que ce cycle, qui a si bien démarré, ai l'occasion de se conclure sur une note bien plus satisfaisante.

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le 15 nov. 2015

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Gand-Alf

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