Le moins que l’on puisse dire, c’est que le passage de Pierce Brosnan à Daniel Craig n’a pas concerné que la tête d’affiche des films de la franchise. En effet, après des années noires qui finalement durent depuis le passage de flambeau à Roger Moore si on y réfléchit bien, seul les deux films avec Timothy Dalton ayant été à peu près regardables dans les épisodes canons entre 1973 et 2006, les productions de la famille Broccoli ont pris un sérieux coup de vieux dans les années 90 et le début des années 2000 à cause de quelques blanc-becs comme Jason Bourne ou Ethan Hunt.
Du coup, les joyaux de la couronne en danger, branle-bas de combat général et mise à niveau des productions des services secrets de sa majesté. Le rêve scientiste a fait long feu ? Fort bien, on dégage les gadgets. Le machisme lamentable ne fait même plus rire les beaufs ? Pas de problème, James va devenir sensible. On demande aux blockbusters de qualité un petit effort de mise en scène, de travailler le production design ? OK, tout le monde s’y met.
Du coup, la qualité globale des films en sort grandie, on abandonne la bouffonnerie générale des années Moore, le kitsch et les gadgets des années Brosnan, et on remet en avant le côté Bad ass du personnage. Même tentative qu’avec Timothy Dalton donc, avec un peu plus de réussite côté audience publique puisque les James Bond dernière version sont plutôt très rentables.
Mais tout n’est pas rose au pays des agents secrets et comme tout ceci est passablement nouveau pour la franchise, le résultat si il fait montre d’un gain qualitatif certain, est malgré tout mitigé. De mon point de vue, c’est l’absence de ligne directrice dans la personnalité de 007 qui pêche : jeune chien fou stéroïdé et amoureux transi, puis déçu, puis vengeur énervé avant d’être rétrogradé en fils à maman puis en… puis en quoi en fait… en adulte ?
A trop vouloir appuyer une approche psychologisante du personnage on se cogne des scènes d’une nullité totale par moment (cf les moments tout mignons avec Eva Green, puis Judi Dench ou encore Léa Seydoux). Parce que filmer des sentiments ne requiert pas les même talents que les cascades ou les bagnoles, parce que mixer le bourrin insensible mais en fait au grand cœur avec des retours permanents du passé n’est pas si facile… choses qui étaient finalement bien mieux gérées dans les Jason Bourne d’ailleurs.
Je finirais en évoquant plus précisément ce dernier opus, Spectre, et souligner que si la partie technique reste plutôt de qualité, j’avoue être passablement fatigué de cette histoire qui tire en longueur depuis désormais 4 films, tout ça pour en arriver à un méchant grandiloquent, monomaniaque et mégalo. Dommage d’essayer de faire évoluer le personnage principal de sa franchise, mais d’être incapable en parallèle de faire avancer la psychologie des opposants qui sont toujours aussi lamentable (je me serais cru dans Moonraker ou Rien que pour vos yeux, c’est dire).
Dommage, parce que ce qui avait été entraperçu avec Mr White depuis le début du « reboot » semblait plus prometteur qu’un énième ersatz de savant fou voulant gouverner le monde…