Pour sa 24ième apparitions, le plus glamour des agents secrets s'est pris les pieds dans le tapis.
24ième épisode de la saga, Spectre se voyait enchevêtré d’une lourde tache, celle de succéder à Skyfall. Suit à son succès critique et surtout publique (il s’agit tout de même du James Bond le plus rentable de l’histoire), Daniel Craig et sa fine équipe (la même sans Judi Dench, qui laisse sa place à Ralph Fiennes) reprenne du service.
Sam Mendes (sans aucun doute la plus grosse erreur de casting) rempile une seconde fois derrière la caméra. Exit Roger Deakins à la photographie, c’est le néerlando-suédois Hoyte van Hoytema, qui a notamment travaillé sur Interstellar et Her, qui le remplace, Thomas Newman (Sam Mendes oblige) est de nouveau à la baguette et c’est le jeune britannique Sam Smith (autres fautes grossières) qui signe la chanson du générique.
Spectre, film au combien attendu, était déjà certain de faire un nombre colossal d’entrées (il s’avéra que non, malgré un score correcte, il n’égalera sans doute pas son prédécesseur) mais ce qui était moins sûr, c’était l’accueille critique que lui réserverait la presse internationale. Et sans grande surprise, le film a divisé là où Skyfall écrasait absolument tout sur son passage.
Il serait inutile d’aller plus loin dans la comparaison avec Skyfall tant les deux films, même si ils traitent tout d’eux de thématiques refoulant les origines et le passé de James Bond, sont différents. Spectre est incontestablement un bon James Bond ! Il regorge absolument de tous les ingrédients classiques d’un James Bond en bon est dû forme.
Même si les gadgets sont encore une fois assez anecdotiques (depuis le début de l’ère Craig, les gadgets n’ont jamais vraiment eu une place de choix), Spectre marque le retour de l’homme de main râblé et rustre (incarné par l’ancien catcher David Bautista), de la James Bond girls (rappelé-vous, Skyfall n’en avait pas réellement), des cascades à gogo, des scènes d’actions invraisemblables et bien évidemment une bonne dose de dérisions et de répliques qui tues.
Malheureusement à l’instar d’être un bon James Bond, Spectre n’est pas vraiment un bon film ou plutôt un film inachevé comme si dans un souci de timing Sam Mendes et son équipe avaient bâclé, voir sauté certaines étapes. Non pas, que le dernier James Bond soit un navet mais forcé de constater que mise à part un morceau de bravoure dans la première séquence à Mexico (plan-séquence sensationnelle et maîtrisé de bout en bout), le film est bien trop conventionnel et inabouti. Que ce soit au niveau de l’écriture (archaïque) ou des scènes d’actions (que l’on croirait sorties d’un Fast and Furious), le réalisateur britannique propose l’anti Skyfall, s’abaissant à des facilités incohérentes.
Qui plus est, les différentes intrigues tombent soit complètement à plat (la plan du grand méchant) soit stagne au niveau de simples ébauches sans donner suite à quoi que ce soit. Il est inutile de vous dire qu’il en va de même pour les personnages. Celui de Christopher Waltz est insignifiant même si sa relation avec James Bond reste intéressante et aurait mérité à être étoffée plus en profondeur ; la James Bond girls campée par Léa Seydoux, outre le fait qu’elle joue approximativement bien, n’apporte rien (Eva Green par pitié, revient !), si ce n’est des emmerdes à James.
Malgré tout, ce Spectre reste efficace, Mendes à la sens du rythme et arrive à calquer ses talents de metteur en scène, insufflant un côté théâtrale et shakespearien au personnage de Bond et à son univers (déjà présent dans Skyfall).
Vu l’état d’esprit de Craig après la fin tournage, le prochain 007 n’arrivera pas pour toute suite n’en déplaise aux fans. Espérons qu’ils seront rebondir après cette petite déception.