Après l'excellent Skyfall dont il se situe dans la continuité, cet opus 24 de James Bond laissait planer une attente forte et on était en droit d'espérer un Bond exceptionnel grâce à un potentiel énorme à exploiter avec l'introduction du personnage de Blofeld. Au lieu de ça, ce Bond est carrément une déception, pour moi en tout cas qui en tant que fan assidu, ai du mal à accepter certains choix ou options. Il est certes mieux que le catastrophique Quantum of Solace, mais il est très en-dessous de Skyfall.
Et pourtant, malgré ses 2h28, on peut pas dire qu'il y ait des longueurs, il y a même un bon équilibre entre les scènes d'action et les scènes de dialogues, je trouve même certaines choses pas si mal : la poursuite dans Rome, le personnage d'homme de main incarné par Dave Bautista, avec la bagarre du train, bien dans l'esprit des 3 précédents Bond, la poursuite dans la neige, la séquence de torture, les échanges entre Bond et Q joué par l'excellent Ben Wishaw, et puis ça commence très bien avec la scène pré-générique très musclée et son plan-séquence à Mexico... tout ceci m'a paru d'un bon niveau, alors qu'est-ce qui fait que sans m'être vraiment ennuyé, ce Bond soit une déception ?
C'est pas évident à expliquer. D'abord, depuis le relooking de la franchise en 2006 avec l'arrivée de Dan Craig en 007 dans Casino Royale, les auteurs-producteurs Barbara Brocoli et Michael Wilson ont mis en place un cycle, et on voit ici que c'est la phase 4, une continuation avec la genèse de Blofled et de l'organisation criminelle Spectre. La matière était donc de qualité, l'ennui c'est que ça manque sérieusement de développement scénaristique, l'intrigue est maladroitement élaborée dans son background ; Franz Oberhauser alias Ernst Stavro Blofeld n'est que superficiellement abordé et n'est pas rendu assez menaçant.
Certes, si Christoph Waltz est bon dans le personnage, il se présente comme un excentrique mielleux et n'impressionne pas, d'ailleurs Spectre n'est pas assez machiavélique, ses projets font dans de banals attentats, c'est quand même paradoxal de voir qu'un méchant comme Silva qui appartenait à Spectre, était bien plus dangereux que son propre grand patron, ce mec donnait vraiment le frisson. Ici, ça ne prend pas, même si la scène de torture est dans l'esprit tordu du personnage ; et à la fin, il sacrifie au cliché hyper éculé du kidnapping de la Bond girl pour se débarrasser de son ennemi ? trop commun, trop déjà vu. Waltz est bon acteur, mais il ne marque pas véritablement le rôle, il n'arrive que très tard et reste trop sous-utilisé, et j'ai pas l'impression de sentir le mec dangereux qui tripotait un chat blanc dans les Bond anciens.
L'autre erreur, mais ça n'engage que moi, est d'avoir lié l'enfance de Blofeld à celle de Bond, ce qui fait que très jeunes, ils se regardaient déjà en chiens de faïence, ça n'est non seulement pas une bonne idée, mais surtout ça n'est pas sérieusement étayé ni creusé, donc à quoi ça sert ? Tout ceci s'imbrique dans une psyché bondienne mal définie et une interaction avec les 3 opus précédents dont on aperçoit pas mal d'éléments référentiels. Voila donc pour moi les principaux griefs sur ce Bond dont le fond plus que la forme tire le film par le bas, et dont j'étais en droit d'attendre beaucoup plus.
Ensuite, en vrac, je peux émettre des objections diverses : un générique pas trop mal mais une chanson trop banale, pas assez bondienne et qui ne restera absolument pas dans ma mémoire. Une Bond girl assez moyenne au physique pourtant attractif mais inexpressif, et son "je t'aime" à la fin, sonne vraiment faux, on n'y croit pas un instant. Je connais mal Léa Seydoux, l'ayant peu vue jouer dans des films français récents, à part la Belle et la Bête, je n'ai donc que peu d'éléments de comparaison pour évaluer son talent d'actrice. Mais ce qui me dérange beaucoup plus, c'est de voir Monica Bellucci seulement 5 petites minutes, le temps de 2 petites scènes et puis s'en va, c'est une honte d'utiliser une actrice de son gabarit de cette façon. Bon après, il y a les incohérences habituelles de tout blockbuster (un train vide, des frusques neuves à chaque lieu différent, ils ont vraiment le temps de faire des valises ?...), enfin bref tout ça n'est guère important, mais au vu de ce quatrième épisode, ce cycle me semblait arriver à terme, c'est pourquoi Craig aurait dû arrêter, vont-ils repartir sur de nouvelles bases ? ou alors ils font évader Blofeld qui voudra une revanche, mais cette fois, il faudra pas foirer le coup.

Créée

le 15 oct. 2018

Critique lue 664 fois

32 j'aime

27 commentaires

Ugly

Écrit par

Critique lue 664 fois

32
27

D'autres avis sur 007 Spectre

007 Spectre
guyness
5

Les archives James Bond, dossier 24: La menace fantôche

Quotient James Bondien: 5,83 (décomposé comme suit:) BO: 6/10 Thomas Newman est sans doute victime ici du syndrome "Skyfall 2", qui saisit également le reste de la production. Lui au moins...

le 28 mai 2022

173 j'aime

49

007 Spectre
Fritz_the_Cat
5

Crise de la quarantaine

Malgré un univers codifié depuis quatre décennies, donner un avis partagé sur Spectre demande pas mal d'explications. Du coup, soyez prévenus, j'ai opté pour un texte contenant son lot de spoilers, y...

le 11 nov. 2015

110 j'aime

13

007 Spectre
Bondmax
7

Bond of Brothers

The Dead are alive. Voilà la phrase qui apparait à l’écran juste après le gunbarrel de retour au début du film. The Dead are alive, rien de plus normal lorsque l’on voit que le spectre des figures...

le 31 oct. 2015

85 j'aime

29

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

123 j'aime

98

Le Bon, la Brute et le Truand
Ugly
10

"Quand on tire, on raconte pas sa vie"

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

98 j'aime

59

Gladiator
Ugly
9

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...

Par

le 5 déc. 2016

95 j'aime

45