1001 Pattes
6.7
1001 Pattes

Long-métrage d'animation de John Lasseter et Andrew Stanton (1998)

« For the colony, and for oppressed ants everywhere ! » FLIK

Toy Story provoque un raz-de-marée, non seulement dans les salles obscures, mais également au sein de la critique, qui ne trouve pas de mots assez forts pour souligner son génie artistique et technique. Les professionnels saluent ainsi le film en le nommant pour l'Oscar du meilleur scénario, une première pour un long-métrage d'animation, ainsi que pour les Oscars de la meilleure musique et de la meilleure chanson. John Lasseter, le réalisateur, reçoit également un Oscar spécial de ses pairs pour le développement de la technique qui a permis la réalisation du premier film en images de synthèse de l'histoire du cinéma. Non content de ravir la critique et le public, Toy Story enchante également ses studios : c'est une excellente opération financière pour PIXAR, et The Walt Disney Company, qui a financé le film dans son intégralité, est comblée par ce succès retentissant.

Le prochain film de PIXAR allait radicalement changer son statut, en visant à évoluer d'une simple société de production à un véritable studio. Cependant, réaliser un film nécessite quatre ans, un rythme peu rentable qui ne permettrait pas à PIXAR de rester pertinent. Pour être compétitif, il fallait sortir un film par an, ce qui nécessitait de travailler sur plusieurs projets simultanément. À l'époque, PIXAR manquait de fonds nécessaires pour soutenir cette ambition, mais Steve Jobs, son propriétaire et cofondateur d'Apple, a eu l'idée de l'introduire en bourse juste après la sortie de Toy Story, ce qui s'est avéré être un immense succès. Avec de nouveaux moyens financiers, PIXAR a pu négocier un contrat avec Disney, exigeant 50% des bénéfices des films et un partenariat égalitaire dans le branding. Disney a accepté, signant un contrat initial pour trois films originaux, qui a rapidement été prolongé à cinq films.

La genèse de A Bug’s Life remonte à la naissance même de PIXAR, où John Lasseter, Pete Docter, Andrew Stanton et Joe Ranft trouvent leur inspiration dans la fable de La Cigale et la Fourmi popularisée par Jean de La Fontaine. Cependant, au lieu de présenter une gentille cigale insouciante, Andrew Stanton choisit de mettre en avant une méchante sauterelle qui menace toute la colonie de fourmis. Alors que Toy Story est en production, John Lasseter confie à Andrew Stanton la tâche de se consacrer entièrement à A Bug’s Life, posant ainsi les bases d'une histoire qui mêle humour et enjeux dramatiques dans un univers d'insectes.

Le récit dispose d'une histoire à la fois simple et efficace, centrée sur Tilt, une fourmi incomprise qui ne se conforme pas aux normes de sa société. Imaginatif et maladroit, Tilt va provoquer un grand danger pour la fourmilière en raison de l'une de ses gaffes, ce qui l'amène à partir à l'aventure pour constituer une équipe d'insectes destinés à aider les fourmis à combattre les puissantes sauterelles qui les rackettent chaque saison. Le génie de PIXAR opère alors avec brio, car le studio introduit un quiproquo à la fois amusant et touchant : au lieu de recruter des mercenaires aguerris, Tilt finit par embaucher des clowns de seconde zone, parodiant Shichinin no samurai de Akira Kurosawa, ajoutant une dimension humoristique et émotive à son périple.

A Bug’s Life sort en 1998, un mois après Antz, mais ce dernier ne s'impose pas comme un véritable rival.

Le film étonne par sa technique, marquant un bond monumental pour les studios PIXAR entre leur premier et leur deuxième film. Chaque élément, des insectes aux décors, est traité de manière organique, nécessitant la création d'outils innovants pour assurer la crédibilité de l'animation, même si l'objectif n'était pas de viser un réalisme absolu. Bien que certains éléments, comme les feuilles et la terre, apparaissent encore trop lisses, l'intérieur de la fourmilière se distingue par ses textures et ses couleurs vibrantes, tout comme la peau des fourmis, soigneusement travaillée. PIXAR admet volontiers que l'organisation a été un véritable casse-tête, avec des défis techniques remarquables, notamment les nombreuses scènes de foule avec les fourmis, témoignant de l'ambition extraordinaire du film.

Fort de sa réussite technique, le film se distingue également par une panoplie de personnages attachants, à commencer par Tilt, la fourmi ingénieur qui lutte pour trouver sa place au sein de la colonie. Doté d'une imagination débordante et d'une maladresse charmante, Tilt incarne la quête de l'individualité dans un monde qui valorise la conformité. Son parcours, entre ses échecs et ses réussites, permet aux spectateurs de s'identifier à ses dilemmes, rendant son aventure d'autant plus émotive.

La troupe de cirque composée de plusieurs insectes est à la fois drôle et fun, apportant une touche d'humour et de légèreté au film. Composée de personnages hauts en couleur, chacun avec ses talents uniques et ses personnalités excentriques, cette bande de clowns maladroits offre des scènes hilarantes qui égayent l’aventure de Tilt. Leurs interactions cocasses et leurs tentatives souvent comiques pour aider les fourmis à combattre les sauterelles créent des moments mémorables et divertissants, tout en ajoutant une dynamique rafraîchissante à l'histoire. Cette troupe excentrique illustre parfaitement le mélange d'humour et de cœur qui caractérise le style de PIXAR.

Les sauterelles se révèlent être de redoutables antagonistes, avec un chara-design impressionnant qui accentue leur nature menaçante. Parmi elles, Le Borgne se distingue particulièrement, avec son allure intimidante et son regard perçant qui reflète sa cruauté. Son design, alliant des traits anguleux et une posture dominatrice, en fait le leader idéal de cette bande de prédateurs, renforçant ainsi le sentiment de danger pour la colonie de fourmis. Les sauterelles, avec leurs comportements calculés et leur capacité à semer la terreur, incarnent parfaitement le stéréotype du méchant, créant un contraste saisissant avec les personnages plus innocents de l'histoire.

Le Borgne a bien compris que l’individualité d’une fourmi, comme celle de Tilt, représente une menace sérieuse pour son régime dictatorial. En cherchant à imposer la peur et la soumission sur la colonie de fourmis, il sait que tout signe de rébellion ou de créativité pourrait saper son autorité et ébranler le contrôle qu'il exerce sur ses proies. Son obsession pour le pouvoir le pousse à traquer ceux qui osent se démarquer, convaincu que l'unité et la conformité sont essentielles pour maintenir son règne tyrannique. Cette dynamique de pouvoir et de répression illustre les thèmes centraux du film, où la lutte pour l'individualité devient un acte de résistance face à l'oppression.

Le monde des insectes est vibrant et riche en détails, offrant une représentation animée d'un écosystème foisonnant de vie. Chaque scène regorge d'activités, des fourmis s'affairant à leurs tâches quotidiennes aux sauterelles volant majestueusement dans le ciel, créant une atmosphère dynamique et immersive. Les décors, allant des tunnels sinueux de la fourmilière aux vastes prairies, sont remplis de couleurs éclatantes et de textures variées qui rendent cet univers d'insectes encore plus fascinant. Les interactions entre les différentes espèces, qu'elles soient amicales ou hostiles, renforcent l'impression d'un monde interconnecté, où chaque créature joue un rôle vital dans la toile de la vie. Cette animation vivante contribue non seulement à l'esthétique du film, mais aussi à la profondeur de son récit, captivant ainsi les spectateurs de tous âges.

A Bug’s Life s'affirme comme une œuvre marquante de PIXAR, alliant une animation technique éblouissante à une histoire touchante sur l'individualité et la lutte contre l'oppression. À travers le parcours de Tilt, le film explore des thèmes universels tels que la quête de soi et l'importance de l'unité face à l'adversité, tout en parsemant le récit d'humour et d'aventures palpitantes grâce à une galerie de personnages mémorables. Avec sa représentation vivante et colorée du monde des insectes, A Bug’s Life réussit à captiver les spectateurs de tous âges, consolidant ainsi la réputation de PIXAR en tant que pionnier de l'animation.

StevenBen
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le 6 oct. 2024

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Steven Benard

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