Le masqué, il est parfois surpris par le gérant de son petit cinéma.
C'est que 108 Rois-Démons, cela date de 2015 et qu'à l'époque, Behind avait eu grave envie de le voir, sans pouvoir cependant réaliser son souhait.
Et c'est donc en 2022, à l'occasion d'un programme étiqueté « ciné-bambins », qu'il a eu l'occasion de voir de quoi il en retournait vraiment.
Le masqué avouera que c'était plutôt bien... Après un petit temps d'adaptation. Car si à première vue, l'aspect graphique a de quoi émerveiller, d'autant plus que celui-ci résulte d'un mélange des genres 2D, 3D et tournage live, il y aura de quoi tiquer sur certains visages, pour le moins brouillons et parfois figés.
Le mélange des genres aura aussi lieu des les thématiques et les atmosphères convoquées, entre le conte, le film épique à la 7 Mercenaires / 7 Samouraïs... Et la comédie drolatique parfois maladroite.
108 Rois-Démons nourrit donc en son sein une quasi totale hybridation qui a sans doute bien fait tiquer au regard de son accueil critique de l'époque et sur le site.
Sauf que Pascal Morelli arrive à faire passer à l'image, malgré quelques petites longueurs, son amour du matériau des mythes et légendes de la Chine médiévale, ainsi que sa volonté d'oser un brassage assez singulier, que le masqué, pour sa part, a trouvé immédiatement intéressant et autre.
D'autant plus que le film utilise un sens du merveilleux séduisant, marié à une légèreté assez rare dans ce type de récit de chevalerie, de camaraderie et de magie insufflée.
Et puis, il y a ce message sur l'écriture des légendes, et les faits dans lesquels ces dernières trouvent leur naissance, d'une malice qui a séduit le masqué, tandis que les véritables héros sont condamnés à rester dans l'ombre, voire à tomber dans l'oubli.
La fragilité de l'ensemble est parfois évidente, mais elle n'éclipse jamais l'absolue sincérité de Pascal Morelli dans sa démarche, et encore moins sa croyance dans ce qu'il veut raconter et mettre en avant.
De quoi voir 108 Rois-Démons comme un dernier vestige de ce cinéma français du tout début des années 2000, qui ne s'interdisait rien et s'emparait avec gourmandise de genres tombés en désuétude pour les revisiter, comme Le Pacte des Loups, ou s'aventurait en terre étrangère, façon western ou science-fiction, pour marquer son dynamisme.
Il n'y a qu'à se souvenir, par exemple, des échecs publics cinglants de Blueberry : L'Expérience Secrète, ou encore de Immortel – Ad Vitam, pour constater qu'encore aujourd'hui, l'audace est plus considérée comme une tare que comme une vertu...
Behind_the_Mask, qui chinoise un peu. Juste un peu.