Monstre intraterrestre
Le principal intérêt de 10 Cloverfield Lane réside évidemment dans cette perspective d’extrapolation de l’univers du film d’origine de Matt Rieves, ayant connu son petit succès en 2008,...
le 17 mars 2016
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La surprise est une chose qui se fait de plus en plus rare dans le milieu du cinéma, les gros projets sont annoncés des mois voir des années à l'avance et les bandes-annonces se font un devoir de révéler point par point l'intrigue de tout film un tant soit peu excitant comme nous en avons eu le triste exemple avec Batman V Superman qui j'en suis sûr aurait été bien mieux reçu si ses trailers n'avaient pas montré tout les tenants et aboutissants du scénario ou avec Star Wars 7 qui à l'inverse aurait peut-être reçu l'accueil tiède et mitigé qu'il méritait si ses bandes-annonces n'avaient pas été d'un vide abyssal. (un peu comme le film en lui-même finalement...)
Alors forcément un projet sorti de nulle part (enfin j'ai bien une idée mais on me signale qu'il y'a des mineurs qui traînent sur internet) comme 10 Cloverfield Lane avait de quoi attirer la curiosité du chaland. Comme à son habitude avec ses productions, JJ Abrahams aime garder le mystère et ne dévoile quasi rien du résultat final dans sa promo, au point de nous sortir seulement deux mois à l'avance un trailer pour cette drôle de suite/spin-of à Cloverfield, film de monstre en found-footage ayant à sa sortie vaguement divisé les fans du genre mais qui pour ma part m'avais plutôt bien plus.
Seulement le présent film n'as pas grand chose à voir avec le premier long métrage, puisqu'on est ici en face d'un genre de huis-clôt filmé de manière plus conventionnelle, tant mieux dirons certains éternelles réfractaires.
Pour ce qui est de la petite histoire : Michèle une jeune représentante du sexe féminin victime d'un accident de la route des plus spectaculaire (ou routinier pour les habitués de Mad Max) se réveille dans le bunker anti atomique de Howard, un ex joueur de bowling militaire qui lui explique que la terre a été victime d'une attaque mystérieuse, voir même potentiellement extraterrestre et que pour son bien elle doit rester dans la relative sécurité que représente l'enceinte du bunker, mais rapidement Michèle et l'architecte de l'édifice également présent commencent à s'interroger sur la véracité des dires de leur hôte/geôlier...
Le scénar augurait du bon, la présence de John Goodman au casting aussi, et pourtant... je ne comprend juste pas pourquoi ce projet et pourquoi un accueil aussi clément quand d'autres films se font atomiser sans raison véritablement valable comme au hasard, Batman V Superman qui reçoit un flot de haine assez incompréhensible à mes yeux, surtout quand on voit l'accueil qui avait été réservé à son détestable prédécesseur. Mais je m'égare. Pour revenir à 10 Cloverfield Lane j'aimerai simplement poser un avis rapide sur le film dans sa globalité avant que les allergiques aux spoilers ne courent se cacher puisqu'il est bien difficile de parler d'un tel film sans trop en révéler. Pour y'aller franchement, je trouve le film mauvais, d'une part parce qu'il se rattache difficilement et péniblement au wagon Cloverfield mais aussi et surtout parce que long métrage en lui-même est plus bancale qu'un poivreau après trois verres de pastis. Accumulant les lourdeurs dans tout les domaines, que ce soit via une écriture qui ne s'encombre pas de broutilles tel que la cohérence ou le respect de la psychologie des personnages, un réalisateur myope accro aux gros plans et une ambiance musicale ultra envahissante qui telle la bande-son d'un rpg bethesda change dès qu'un événement important (ou pas d'ailleurs) a lieu, histoire de tuer toute possibilité de suspense dans l'œuf, le tout n'est même pas sauvé par le cast qui tente de faire ce qu'il peut avec des personnage inintéressants et mal écrit. Notons tout de même quelques scènes très réussies et un production design plutôt léché et agréable.
Si on entre dans les détails (et donc qu'on spoil tel des gros sales) le tout devient encore plus foireux, le film a en effet la fâcheuse tendance à créer du suspense de façon artificielle au possible. Il suffit de voir le temps que met Walter à exposer la situation à Michelle alors qu'il pourrait tout lui expliquer juste après son réveil ce qui lui éviterai au passage de subir une tentative de meurtre à la béquille pointue, mais non il faut qu'il paresse suspect pour créer de la tension ce qui est systématique de son développement sévèrement lacunaire. Le personnage doit être perçus comme une menace ? Il est présenté comme un taré psychotique, il doit paraître sympathique ? On en fait une figure vaguement paternel et bourru qui redevient menaçant quand le script le requiert. Une telle inconstance devient bien vite lassante et pourrit non seulement le personnage mais aussi le scénario tout entier qui ne sait plus du tout où il veut nous emmener. C'est d'autant plus dommageable que certaines scènes tel que la partie de "devine qui je suis" auraient pu devenir géniales si tout ce qui touchait au personnage d'Howard n'était pas aussi artificiel et forcé, le summum du ridicule étant atteint en fin lorsque le personnage se relève d'une flaque et continu à poursuivre Michelle, perpétuant ainsi l'insupportable cliché du bad-guy increvable, d'autant plus ridicule ici qu'on est en face d'un simple humain qui aurait normalement succombé à ses brûlures bien plus rapidement, encore une belle manière d'entretenir un suspens des plus artificiel. Ce défaut d'écriture est d'ailleurs ce qui entraîne toutes les autres erreurs du film, la réalisation est ainsi aussi lourde et pataude qu'un pachyderme tentant de valser avec un camion citerne. Chaque set up pay of est salement souligné par un gros plan disgracieux permettant aux spectateurs les plus demeurés ou bigleux de tout suivre, (même si au vu des réactions de la salle c'était encore trop subtil pour certains) c'est d'ailleurs avec ces mêmes gros plans que le réalisateur insiste très lourdement sur chaque émotion de Michelle qui sont encore plus misent en avant grâce à la bande-son elle aussi ultra envahissante et semblant conçu pour grossièrement insister sur chaque point jugé trop nébuleux, ce qui me fait supposer que le film prend ouvertement son publique pour des abrutis finis. Ce qui rend franchement deg c'est quand ont s'aperçoit avec la scène finale que le réalisateur aurait probablement mieux fait de faire de l'action à la place de ce mélange vaguement bâtard, les cadres y sont infiniment mieux gérés et le tout est encore aidé par le design des créatures qui à l'instar du premier Cloverfield propose des aliens vraiment réjouissants, à mi chemin entre les envahisseurs d'Independance Day et les abominations mutantes du sixième Resident Evil. (qui à défaut de faire l'unanimité avait au moins convaincu tout le monde sur ce point) Le hic c'est qu'une fois relié au reste cette fin semble être un énorme anachronisme puisque l'invasion alien a toujours été assez maladroitement gardé en doute comme un élément de suspens incertain, confirmer la chose avec plus de légèreté (au hasard en coupant sur le plan avec la soucoupe volante organique) aurait permis d'éviter d'une part la surcharge pyrotechnique inutile du dernier acte mais aussi de ne pas créer une énorme incohérence avec le personnage de Michelle qui passe de jeune femme plutôt débrouillarde sans plus à celui de fille cachée de Mac Giver capable d'atomiser un vaisseau alien géant avec un pauvre cocktail Molotov avant de décider s'aller aider les troupes humaines dans un plan final juste risible tant on tente de faire passer le personnage pour une héroïne forte et charismatique alors qu'elle faisait jusqu'ici plutôt figure de jeune femme assez ordinaire.
C'est d'ailleurs un constat que l'on peut appliquer à la totalité du film, essayer de nous faire prendre un huis-clos mal branlé pour un grand film de sf.
Il y'a au final du soucis à se faire pour l'avenir de la licence Cloverfield si elle continue à vouloir jouer sur tout les tableaux, j'espère simplement que le prochain film se redirigera vers une orientation action plus affirmé et plus maîtrisée ou qu'au contraire il abandonne totalement ce côté pyrotechnie pour se livrer à un spectacle moins mi figue mi raisin.
Enfin l'essentiel serait surtout de bien faire, peut importe dans quel genre, un peu à la manière du premier film finalement.
Créée
le 4 mai 2016
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