Ca passe bien

On peut reconnaître une vertu sérieuse à Netflix : il ouvre le public au cinéma d'ailleurs. Cinéma allemand, autrichien, turc, coréen, brésilien, japonais... Et c'est un véritable plaisir, surtout quand on tombe sur un film aussi sympathique que 10 jours du côté du bien.

Dans ce dernier, on suit Sadiq, un ancien avocat et ancien détenu devenu détective tenter de retrouver un jeune homme disparu. Et, il faut le dire, c'est prenant. D'abord parce que le personnage principal est très attachant : désabusé, un tantinet rêveur, perdu dans ses pensées, refusant de juger, obstinément tourné vers le bien alors même qu'il se confronte à des mondes violents, mafieux et sans pitié en restant résolument concentré sur son enquête pour ne pas être éclaboussé par cette noirceur et rester "du côté du bien".

Ensuite parce qu'on se balade avec lui dans une Turquie présentée autrement que dans les sempiternels films d'action qui nous présentent systématiquement un pays orange, arriéré, corrompu, aux habitants anonymes et sans visage. Ici on y découvre des rues lumineuses, des magasins fréquentés, des ruelles sombres et dangereuses, des passants de toute sorte et des routes traversant des déserts montagneux. C'est pluriel, c'est vivant, c'est dépaysant, c'est plaisant et cela paraît sincère.

Enfin, parce que le film jongle avec ses personnages, tous aussi travaillés les uns que les autres : la sœur du disparu, la voisine prostituée, Monsieur, l'ex-femme horrible de Sadiq... Et, même si l'enquête est embrouillée, cela crée des repères bienvenus et attachants et une sous-intrigue loin d'être inintéressante.

Mais l'enquête, il est là le problème de ce film.

J'ai naturellement tendance à me tenir éloigné des films de mafia. Je les trouve compliqués : il y a trop de personnages, chacun a un contentieux avec l'autre, le personnage a son propre but et doit composer avec les problèmes de chacun qui reposent tous sur des combines à tiroirs auxquelles je ne comprends rien... Je m'y perds et ça me fatigue. Et bien c'est exactement ce que j'ai ressenti devant l'enquête de Sadiq. Ce dernier résume pourtant fréquemment où il en est, ce qu'il découvre, il récapitule ! Et bien pourtant, j'ai rien piné ! Il y a - j'ai trouvé - trop de personnages, trop de personnages qu'on ne voit de surcroît qu'une fois ou deux, de ramifications, d'intrigues... C'est presque brouillon. Et c'est bien dommage, parce que c'est la seule chose qui nuise véritablement au film.