Je suis allée voir 120 Battements quelques semaines après sa sortie. J'ai donc entendu pas mal de retour / débats autour du film sans avoir pu le voir. Ce qui m'a laissé... pas mal d'attentes. On m'a raconté que c'était un film sur les associations contre le SIDA, ou dénonciateur des manips de Labos pharmaceutiques, ce qui je dois l'avouer m'ont fait pas mal "saliver", étant donné que j'ai fréquenté un temps les associations LBTBQ (donc proches des associations de prévention contre le SIDA), et que je travaille pour l'industrie Pharma.
Alors quand je suis allée le voir, je voulais voir le combat des associations gay des années 90, pour voir comment est décrit le milieu, les injustices subies par les malades. Je voulais voir la découverte du virus, puis l'évolution des moeurs qui ont suivi ces découvertes dans la société. Je m'attendais à (re) découvrir le combat contre les discriminations de toutes les associations (et non, il n'y a pas eu qu'ACTUP, même si leur combat a toujours eu d'importantes répercussions). Je voulais que l'on raconte à quel point ce combat a eu des répercussions sur la communauté LGBTQ en France aujourd'hui.
Ce que j'ai vu m'a beaucoup laissée sur ma fin. Outre l'absence quasi totale du témoignage de toutes les associations qui ont combattu main dans la main contre le SIDA, hors ACT UP, ce qui m'a le plus déçue a été que le film s'axait complètement sur la relation amoureuse de 2 militants, oubliant l'Histoire. Dommage. J'ai l'impression que le script est passé à côté de tout le sujet. On sort du film avec une belle histoire d'amour gay, ce qui est certes assez rare encore au cinéma "grand" public pour le souligner, et... rien d'autre. Il y a bien les scènes de débat chez ACT UP, et quelques séquences de distribution de tract dans un lycée, et... oubliée la lutte des associations, des journalistes militants de l'époque contre les préjugés de la société, contre la "maladie gay". Oublié le témoignage et l'humiliation qu'ont subie toute une génération d'homos.
Si j'oublie mes attentes initiales, le film a cependant le mérite d'exister comme il y en a peu. Et puis il y a Nahuel. Que j'ai découvert 2 fois cette année. Quelle performance ! L'acteur sonne juste et livre un jeu de militant séropo exceptionnel, doublé d'une réalisation qui semble très réaliste (à part la séquence de la Seine rouge, que j'ai trouvée exagérée et sans apport pour l'histoire).
Bref, une belle romance gay au milieu des années SIDA, mais un film politique : non. Pour ça, il y a Dallas Buyers Club.