Voilà sans doute l’un (le ?) des films français les plus attendus de l’année. Donné gagnant pour la Palme d’or cette année à Cannes, le film repart tout de même avec le Grand Prix. Personnellement, j’en attendais beaucoup. Eastern Boys, le précédent film de Robin Campillo, était l’un de mes préférés de 2014. L’excellente rumeur en provenance de la Croisette me faisait cependant un peu douter. Heureusement, pas de mauvaise surprise, le film est un choc. Même si à l’époque j’avais à peu près l’âge des personnages, je ne me sentais pas encore concerné et vivait loin (plus ou moins consciemment) de tout cela. D’entré, Campillo nous prend à la gorge et ne nous lâche plus jusqu’à la dernière seconde. Sa mise en scène est ultra puissante, sèche, sans concession. Le scénario, inspiré de sa propre expérience au sein de l’association (sans être auto-biographique) est au diapason. Il mélange tous les genres (politique, drame, tragédie, romance…) avec un certain bonheur et une certaine efficacité. C’est dur, fort, brutal, plein d’amour, de violence, de passion, de mort, et à la fois plein de vie et d’une folle espérance : celle de vivre justement, tout simplement. L’interprétation est tout aussi puissante. Le casting est hétéroclite mais ô combien séduisant et convaincant. Si Nahuel Perez Biscayart n’est pas une révélation pour moi (il tient le premier rôle de l’excellent Je suis à toi), Arnaud Valois en est bien une. Espérons qu’il change d’avis et se remette définitivement à tourner lui qui avait tout arrêté après seulement trois films il y a quelques années. Avec aussi, dans un second rôle, la toujours excellente Adèle Haenel.
On en ressort donc complètement sonné, assommé, à l’image d’une salle, d’un silence de cathédrale, où l’émotion est encore palpable tout au long du générique de fin. Un film marquant qui fait son petit bonhomme de chemin dans la tête et qui hante encore plusieurs jours après l’avoir vu. Gageons qu’il en sera ainsi pour les votants des prochains César ! Du grand cinéma pour un grand film essentiel et bouleversant. Le film d’un combat (et il n'est pas terminé), le film de l’année.


http://lecinedefred2.over-blog.fr/

ffred
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Classement France/Francophone 2017, Les CinédeFred Awards France 2017 et 10 films français pour une décennie

Créée

le 30 août 2017

Critique lue 445 fois

1 j'aime

4 commentaires

ffred

Écrit par

Critique lue 445 fois

1
4

D'autres avis sur 120 battements par minute

120 battements par minute
Behind_the_Mask
2

Entends-tu mon pote cette envie de révolte ?

A l'origine, ce modeste billet devait vous causer de Nés en Chine. Devait... Car manque de bol, après une demi-heure de route, j'apprends que l'exploitant du cinéma n'a pas eu la copie du film Disney...

le 23 sept. 2017

68 j'aime

50

120 battements par minute
Fritz_Langueur
10

Sean, Nathan, Sophie et les autres...

Qu’il est difficile d’appréhender un avis sur une œuvre dont la fiction se mêle aux souvenirs de mon propre vécu, où une situation, quelques mots ou bien encore des personnages semblent tout droit...

le 24 août 2017

56 j'aime

10

120 battements par minute
SanFelice
8

"Moi, dans la vie, je suis juste séropo"

D'habitude, j'ai un certain esprit de contrariété. Dès qu'un film fait l'unanimité, je me méfie. D'un certain côté, je préfère de très loin un art qui tranche vivement, qui prend des risques, quitte...

le 21 déc. 2017

50 j'aime

Du même critique

Spotlight
ffred
4

Critique de Spotlight par ffred

J'ai toujours bien aimé les films de Tom McCarthy. The Station Agent et The visitor font même partie de mes films préférés. Ajouté à cela le sujet, gros scandale des années 2000, un superbe casting...

le 30 janv. 2016

33 j'aime

2

Manchester by the Sea
ffred
3

Critique de Manchester by the Sea par ffred

Après Premier contact qui devait révolutionner la science-fiction, voici Manchester by the sea qui devait redonner un nouveau souffle au mélo. Plusieurs semaines de buzz et de matraquage médiatique,...

le 21 déc. 2016

25 j'aime

10

La La Land
ffred
5

Critique de La La Land par ffred

Alors voilà donc le meilleur film de l’année. Celui qu’on ne pas « ne pas aimer ». Encore une fois (après Manchester by the sea), je ne comprends pas vraiment l’engouement pour ce film. Surtout que...

le 31 janv. 2017

23 j'aime

14