120 battements par minute, film dramatique français réalisé, monté par Robin Campillo et écrit par Philippe Mangeot et le réalisateur lui même, sort en 2017 alors qu’une nouvelle victoire contre la « sérophobie » voyait le jour, en juillet de cette même année, levant l’interdiction des soins funéraires aux séropositifs. Contexte intéressant donc et qui montre en quoi les luttes contre les discriminations ne sont à la fois pas vaines mais restent d’actualité.
Le film de Robin Campillo présente alors les luttes d’un groupe d’action bien réel et toujours actif aujourd’hui, Act-Up Paris, qui au début des années 1990, alors que le sida se propage depuis presque dix ans, cherche à informer la population sur les maladies sexuellement transmissibles, leurs préventions et leurs soins.
Parfaitement interprétés par les acteurs du film, les personnages sont touchants et ne sombrent pas dans la simplicité de la pitié du spectateur qui occupe alors une position davantage empathique à l’égard des protagonistes. Nahuel Pérez Biscayart interprète le rôle du jeune Sean, séropositif depuis ses 16 ans. Membre actif d’Act-Up Paris, il rencontrera Nathan (Arnaud Valois), nouveau membre de l’association, et avec qui il entretiendra une relation amoureuse.
Écrit, réalisé et monté par Robin Campillo, 120 battements par minute est d’une justesse époustouflante révélant un travail d’envergure. Près de 2h20 d’images parfaitement montées et des plans parfois répétitifs mais qui finalement servent le récit, appuyant de fait sur les vies, les maladies, les luttes incessantes, itératives elles aussi. Le dynamisme et l’esthétique du film sont indéniables et correspondent bien aux exigences techniques de leurs temps. L’onirisme n’y est pas absent et habille le récit d’une aimable douceur permettant dès lors les métaphores et surtout la réflexion du spectateur. Ainsi, loin d’être un film présentant simplement l’histoire d’un groupe de militants et une histoire amoureuse homosexuelle, 120 battements par minute, réussit à mettre le spectateur dans une position active tout au long du récit en le soumettant aux images parfois réalistes, parfois oniriques et plus abstraites mais toujours liées au récit qu’elles servent.
Petit bémol pour la musique (Arnaud Rebotini) qui, si elle est de qualité, semble parfois ne pas être en phase avec ce que l’on nous raconte ou du moins pas à la hauteur du sujet défendu ici par le réalisateur.
Remportant le Grand Prix et la Queer Palm au Festival de Cannes 2017, 120 battements par minute est un incontournable et s’inscrit nécessairement dans l’histoire cinématographique française.