120 battements par minute, long métrage engagé et activiste, nous plonge au coeur de la polémique relative au VIH et aborde notamment la place des orientations sexuelles au coeur de son sujet.


Une rupture est, selon moi, à relever, entre les deux premières heures de film et les vingt dernières minutes. Il est étonnant de constater l'incroyable maîtrise de Robin Campillo en tant que (co) scénariste et réalisateur, autant sur le fond que sur la forme : traiter un tel sujet dans son intégralité et sa complexité sans tomber dans le mélo est une signifiante réussite, bravo Campillo.


En tant que spectateur, on se retrouve au coeur des AG de l'association activiste ACT UP Paris, qui affirme par ailleurs la position des minorités sur la scène sociétale encore aujourd'hui. L'opinion publique tend à considérer ses groupes activistes comme anarchistes, et à ignorer leurs revendications, ceci est représenté au travers des relations ACT UP/laboratoires pharmaceutiques et plus largement ACT UP/gouvernement. Les revendications de ACT UP : l'avancée des recherches relatives au traitement VIH. Leurs actions : sensibiliser l'opinion publique au VIH, plus largement aux MST.
Le genre de débat notable encore actuel : la distribution de préservatifs dans les établissements scolaires. Alors oui, les statistiques démontrent que depuis les années 90, les adolescentes tombent plus facilement enceintes mais doit-on forcément tomber dans ce genre de pensée traditionnelle/conservatrice dépassée, si je puis dire, d'incitation positive aux rapports sexuels.
Il faut signifier qu'il y a encore une trentaine d'années, l'épidémie du VIH s'est faite notamment à cause de l'ingérence des autorités sanitaires gouvernementales à informer, et ce en passant bien évidemment par les établissements scolaires publics ou privés, les risques liés aux rapports non protégés.


ACT UP nous invite à reconsidérer ces minorités activistes et leurs revendications. Triste est de croire que leurs violentes actions sont peut être finalement que le seul moyen de VITE se faire entendre et de faire avancer les démarches puisque le problème posé est celui du temps, le temps qu'il reste aux porteurs malades.


Concernant la forme, l'esthétique du métrage est notable notamment quant aux choix des plans -avis aux amateurs de Dolan-, les couleurs et les lumières sont bien gérées bien qu'urbaines (une seule séquence de plage, magnifique par ailleurs).
Je tiens également à relever la BO d'Arnaud Rebotini qui est incroyable.


Le seul bémol pour moi relève des vingts dernières minutes, qui sont pour le moins étonnantes, le choix de l'euthanasie assisté est poignant et conduit au débat mais j'ai trouvé cette séquence rapide et bâclée dans la continuité du ton du métrage, bien que l'on puisse lui donner du sens, je l'admets. La force engagée qui m'animait les deux premières heures du film s'est quelques peu évaporée pour me laisser un gout amer et morose, dommage.

nanattitude
7
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le 17 oct. 2017

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Anaïs Amoros

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