Si il y a bien un film qui met la presse et le public d’accord au Festival de Cannes, c’est bien 120 battements par minute. Après la réalisation d’Eastern Boys et Les Revenants ou l’écriture de scénarios tels que Planétarium, Foxfire, ou Entre les Murs, Robin Campillo s’attaque au SIDA en nous plongeant dans le quotidien des militants de l’association Act Up-Paris, créée en 1989 quelques années après AIDES. Nous allons suivre les membres dans leurs actions, notamment l’interruption d’une réunion de l’Agence Française de lutte contre le sida ou leurs interventions en lycées, dans les manifestations ou laboratoires pharmaceutiques. Mais Robin Campillo va encore plus loin en entrant littéralement dans l’intimité des protagonistes. Nous ressentons alors le moindre souffle de ces malades qui luttent dans la souffrance, mais aussi leurs proches qui mettent leurs vies de côté pour ceux qu’ils aiment. Intimité ne veut pas dire explicite comme pourrait le faire un Giraudie. Les scènes de sexe sont belles, authentiques et tournées dans une sincérité à toute épreuve. Oui, 120 battements par minute est poignant et cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas eu la gorge nouée au poing de ne plus pouvoir avaler notre salive. Le coup de maître de Campillo est de s’être entouré de comédiens bouleversants de réalisme, de ne jamais s’arrêter dans sa narration, même quand il s’agit de faire des interludes musicales comme celle de la boîte de nuit et l’effet visuel de la molécule infectée par le VIH. Nous n’avons pas envie de qualifier ce plaidoyer de lutte contre le sida, et par la même occasion contre l’homophobie, de chef d’œuvre. 120 battements par minute est juste nécessaire et obtiendra le Grand Prix Cannois 2017.