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On reproche souvent à Danny Boyle d'en faire trop, de sacrifier son récit à l'image, bref, d'être un simple clippeur maniéré tout juste bon à shooter une pub pour Reebok. Pourtant, peu de cinéastes contemporains parviennent à capter aussi bien que lui l'air du temps, à retranscrire l'urgence d'une situation, à capturer le mouvement. Qui mieux que lui pouvait donc mettre en images l'incroyable histoire vraie d'Aron Rolston ?

Entre les mains d'un cinéaste lambda, "127 heures" serait sûrement une machine à Oscars boursouflée et pompeuse, prétexte à une remise en cause du personnage à grand coup de flashbacks jusqu'à ce que le héros atteigne l'illumination. S'il y a bien des moments similaires dans le film de Boyle, le propos et son approche sont tout autre.

Collant sans cesse aux basques de son protagoniste principal (tout juste croisera-t-il la route de deux étudiantes en ballade) et donnant vie à chaque chose, chaque objet, Danny Boyle fait de "127 heures" un pur survival frénétique et schizophrène, plongeant tête la première dans la douleur et la solitude de son héros. Triturant l'image à outrance (ce qu'on lui reprochera une fois de plus) et utilisant tous les modes de captation pour illustrer son propos, Boyle va à l'essentiel, bouclant son film en à peine une heure et demie.

Car "127 heures" parle avant tout de vitesse et de la place microscopique que tient l'homme dans l'univers, d'une société ne prenant plus le temps d'admirer le monde qui l'entoure, se barricadant dans sa petite bulle et passant d'une chose à l'autre avec la rapidité et l'insouciance d'un jeune kangourou à peine sorti de la poche de sa mère. On ne communique plus les uns avec les autres physiquement mais par le biais d'une technologie censé nous rapprocher mais désespérément froide et finalement peu utile à notre survie.

De tous les plans, James Franco est absolument prodigieux, d'une implication aussi bien physique qu'émotionnelle qui force le respect, passant d'une émotion à l'autre avec une force assez déconcertante. Il est à lui seul LA raison de voir "127 heures".

Si beaucoups reprocheront une fois de plus à Danny Boyle son manque de subtilité (et ils auront sûrement raison), "127 heures" reste un putain de survival éreintant et frénétique, tourné dans des décors naturels incroyables, où la mise en scène outrancière du cinéaste est en adéquation totale avec le propos. Magistral !

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le 27 févr. 2013

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Gand-Alf

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