L'histoire de "12 Hommes en colère", c'est l'éloge du doute.
Face à onze certitudes, un seul homme va questionner ce que tout le monde croit et cela va tout changer.
Il y a des films qui vous rappellent pourquoi vous aimez le cinéma.
— 12 Hommes en colère raconte les délibérations d’un jury dans le cas d’un homicide: un jeune homme au parcours difficile est accusé du meurtre de son père violent. Dès le début, le cas semble clair: le fils est coupable car tout l’accuse. Un premier tour de vote est demandé. Tous votent « coupable », sauf un homme. Ainsi démarre une discussion de une heure trente qui va révéler les motifs de l’acte, les questions non-résolues de l’enquête, les motivations diverses des membres du jury. Tout y passe, tout explose à cause d’un seul individu qui n’a pas dit « coupable ». Un homme qui a voulu en savoir plus, car il n’était pas convaincu en son âme et conscience de la culpabilité du jeune homme.
Aussi simple soit-il, 12 Hommes en colère est une histoire exceptionnelle, qui raconte tant sur l’humain, ses rapports sociaux, son rapport à la vérité, à ce qu’il croit être la vérité, sur l’interférence des expériences personnelles dans ses perceptions et sur la force du doute et du dialogue.
La version de 1997 par William Friedkin (L’Exorciste, French Connexion, Sorcerer, To Live and Die in LA, …) est splendide. 2 h de dialogue dans une pièce fermée qui vous tient en haleine, Il faut le faire. L’intrigue se focalise sur les arguments et ne donne aucune conclusion sur la culpabilité ou non de l’accusé. C’est très fort car le point du film est justement ce qu’on dit de l’acte, et pas sa nature.
— Je viens de voir la version de 1957 de Sydney Lumet avec le splendide Henry Fonda.
Surprise: je trouve que la version de William Friedkin de 1997 est meilleure. Plus longue de 20 minutes, mieux mise en scène, la tension est plus palpable (l’ayant vu il y a juste 1 semaine, ça peux avoir faussé mon appréciation). Mais en voyant celui de 1957, je me souviens que j’ai clairement mieux senti la progression de la tension grâce au travail très subtil de la caméra de Friedkin.
Cela me rappelle que ce réalisateur génial et pas assez connu a réalisé un meilleur autre remake d’un autre classique, celui du Salaire de la peur. Sa version se nomme en français Le Convoi de la peur (ou Sorcerer en VO) et il est extraordinaire. Ressorti en DVD/Blu-Ray réçemment grâce à son statut de film-culte.
Décidément ce gars est un génie méconnu. Il a à son actif une floppée de films intriguants et parfois dérangeants.
Cette histoire me semble très importante à notre époque où le monde médiatique est aux aguets à cause de l’explosion des méthodes de partage de l’information. Nous devons plus que jamais faire preuve de prudence quand aux apparences, aux étiquettes, aux réputations.
«Il ne faut jamais croire, il faut examiner, toujours.»
— Alain —
La version de Friedkin:
http://www.imdb.com/title/tt0118528/
Celle de Lumet.
http://www.imdb.com/title/tt0050083/