12 hommes en colère (bis)
Dans la vie, j'ai toujours été d'avis qu'il valait mieux commencer par manger ce que j'aimais le moins dans mon assiette pour pouvoir finir par le meilleur. On m'a parfois rétorqué que je risquais de ne plus avoir faim lorsque je m'attaquerais à ce que j'avais mis de côté, mais cela ne m'a jamais paru être un problème.
En ce qui concerne les films, aucun risque d'indigestion (a priori), et cet argument ne vaut donc pas un sou. Je suis de fait très satisfaite d'avoir vu cette version remaniée et en couleurs (y compris dans le casting qui fait intervenir des jurés "non-white") de Douze hommes en colère avant d'avoir fait la rencontre bouleversante de la version de Sidney Lumet.
Si j'ai bonne mémoire ce film reste très convaincant, notamment au niveau des acteurs, avec un casting vraiment excellent, surtout pour un téléfilm. D'ailleurs plusieurs d'entre eux que j'étais loin de connaître à l'époque (logique vu qu'ils n'avaient pas encore joué ces rôles) m'ont depuis pas mal convaincue dans des personnages de séries au long cours, qu'il s'agisse du plus que surexploité Gil Grissom interprété par William Petersen dans Les Experts, du Commandant Adama dans Battlestar Galactica pour Edward James Olmos et surtout du fantastique James Gandolfini qui vivra 6 saisons dans la peau de Tony Soprano dans la série du même nom.
En réalité, malgré l'ombre que lui fait le chef d'oeuvre de Lumet, il s'agit bel et bien d'un bon film, qui mérite tout à fait d'être vu. Il serait même injuste de dire qu'il est si loin d'atteindre la cheville de son prédécesseur de 1957, en particulier vu que la pièce qui lui tient lieu de scénario est quasiment inchangée en dehors de quelques détails.
Et pourtant il est fort probable (et je dirais même légitime) qu'une personne ayant vu la version Lumet en premier trouve celle-ci un peu plus fade. La tension accumulée dans ce huis clos fascinant est loin d'être aussi intense que celle de la version de 1957, et la réalisation en général n'est pas du tout aussi léchée. Malgré ce bon casting, l'équipe réunie en 1957 se place un cran au dessus, en nous faisant ressentir de façon viscérale les antagonismes entre les personnages. Même Jack Lemmon, excellent, ne peut pas faire pas le poids contre l'interprétation lumineuse de Henry Fonda.
Ainsi, après avoir vu le "vrai" Douze hommes en colère, je n'ai jamais revu ce film, pourtant c'est bien lui qui m'avait poussé à voir, à peine quelques jours après, le film de Lumet qui est depuis en bonne place dans la liste de mes films cultes.
A voir avant l'autre, donc.