Première scène glaciale qui annonce le ton du documentaire: la caméra déambule dans les couloirs vides et pâles de l'hôpital psychiatrique du Vinatier, on croirait presque qu'il est désert, puis elle s'arrête devant une porte blanche, derrière cette porte des patients vont défiler devant le juge des libertés. Des patients internés contre leur gré depuis moins de douze jours qui vont savoir s'ils doivent rester, ou non.
Raymond Depardon arrive à capter le réel et c'est bouleversant, chaque patient se défend, raconte son histoire au juge. Le juge ne connaît rien d'eux, il est là par convention juridique, par obligation de procédure. Personne ne veut rester et pourtant ils resteront tous.
C'est pesant, parfois, on voudrait sortir de l'image comme eux voudraient sortir de l'hôpital, ne plus affronter leurs regards qui crient à l'aide.
Le réalisateur alterne rencontres avec le juge et visites de l'hôpital, des cris derrière une porte, un patient qui tourne en rond dans le parc enneigé de l'hôpital.
Ce documentaire effraie autant qu'il captive, il reflète une société qui sombre de plus en plus dans la folie, il questionne : A quel moment peut-on considérer qu'on est fou?
Quand on sort de la salle, rien n'a changé
on retrouve l'hiver, le froid, le monde et sa folie.