Inspiré de sa véritable histoire, le film raconte les 12 atroces années vécues entre 1841 et 53 par Solomon Northup, Noir-Américain de New-York, citoyen libre, mari et père, charpentier de son métier, et violoniste à ses heures. En acceptant la proposition d’aller jouer pour un orchestre à Washington, il se fait enlever par des escrocs, en l’occurrence des « braconniers » chassant le gibier Noir en toute illégalité sur les Etats du Nord.
Il découvrira ce qu’il avait toujours intellectualisé, c'est-à-dire cette réduction animale de sa condition raciale, cette infériorisation à l’état de bétail, d’exutoire des humeurs mesquines ou sadiques des régisseurs comme des propriétaires des plantations ou de leurs épouses, d’objet commercial, licite ou illicite, avec toutes les abominations dégradantes et douloureuses qui s’y subordonnent. Victime ou témoin de changements de maitres, où les meilleurs se distinguent juste quand ils sont affectueux avec leurs bêtes, et où les pires trafiquants ou propriétaires appliquent humiliations, épuisement au travail, séparations de familles, actes de torture, viols et autres joyeusetés. En un mot, l’esclavage. Une infamie légale, encore une, à l’époque.
Témoignage fort et poignant tiré des mémoires que le héros écrivit dans une vie postérieure consacrée à la lutte pour l’abolitionnisme, le film reste réaliste, axé sur la bétaillisation humaine et juste ce qu’on peut imaginer de réalisme dans les perversions de ceux qui détiendraient des esclaves, sans sombrer dans la caricature du vilain blanc et du bon noir. Il est enfin extraordinairement interprété par Chiwetel Ejiofor, par Lupita Nyong’o qui montre l’étonnante étoffe d’une actrice qui devrait faire parler d’elle, par comme toujours l’excellentissime Michael Fassbender dans le rôle de l’abominable maître psychopathe, tous brillamment secondés par Paul Giamatti, Benedict Cumberbatch, Paul Dano ou Brad Pitt.