Et non, nous parler de l'esclavagisme noir et des champs de coton en 2014 n'est pas inutile et dépassé, preuve en est du film de Steve McQueen.
En nous montrant un Solomon libre au début, tout à chacun si'dentifie très facilement dans une vie quotidienne où tout le monde est à priori traité d'égale manière.
Et puis on n'est jamais trop sur nos gardes, à quelques kilomètres de notre paradis, eh bien c'est l'enfer et cet enfer, on va le vivre pendant 2 heures avec ce personnage très différent de ceux que l'on connait déjà.
Car au contraire de ses prédécesseurs traitant des esclaves noirs en général pendant ou après la période, en passant de la Couleur Pourpre à la Vénus Noire et plus précisément d'Amistad à Autant en emporte le vent, ici le personnage principal n'est pas né esclave, il a été éduqué, suivi des études, a pu développé des capacités intellectuelles et manuelles, bref, ça peut être directement l'un de nous spectateurs.
Nous ne sommes donc pas là pour assister à un mélodrame d'un être humain né victime et qui ne s'en sortira pas.
D'humiliations en horreurs, nous sommes là pour vivre et subir par procuration un drame avec le même regard d'impuissance et de frustration que le personnage lui-même.
Du jour au lendemain on vous dit - voilà vous n'êtes rien d'autre qu'un animal qui va nous servir et bosser jusqu'à mourir pour nous - et il faut se taire et subir.
McQueen n'en rajoute pas sur la souffrance, elle est déjà suffisamment inhérente au sujet, il manie très bien le rythme et le crescendo et finalement nous rappelle durant ces 2 heures que l'être humain cherche constamment à se sentir supérieur à son congénère un tant soit peu différent et en minorité (c'est mieux!) pour une raison ou pour une autre et quand on voit le monde aujourd'hui, cela ne changera pas de sitôt.