L'esclavagisme a souvent été un élément de fond à de nombreux films américains mais finalement assez peu utilisé comme sujet principal, étonnant d'ailleurs vu l'impact primordial que celui-ci a eu tout au long de l'histoire américaine. Après un Shame en demi-teinte, j'attendais 12 Years a Slave au tournant de la part d'un réalisateur dans lequel je plaçais beaucoup d'espoir. Grand bien j'en ai eu visiblement car il dépasse toutes mes attentes.

Je ne connaissais Chiwetel Ejiofor qu'au travers son image de gendre idéal dans Love Actually ou comme second couteau dans Inside Man. Son jeu d'acteur sonne très juste sans pour autant en faire des tonnes, une très bonne surprise et un des points positifs majeurs du film. Je met une pièce sur lui face à McConaughey et DiCaprio aux oscars ! Fassbender s'il assure parfaitement le boulot, ne surprends finalement que peu et est là où on l'attend. Le reste du casting est également impeccable avec une petite mention spéciale pour Sarah Paulson, absolument détestable à souhait. La réalisation est magnifique, j'en attendais pas tant pour être honnête. Images de nature saisissantes, plans souvent lourds de sens. La copie est sans-faute ou presque.

Le scénario est incroyable dans le sens où il est rempli de métaphores religieuses et pourtant c'est une histoire vraie. Privé de son Eden, Solomon Northup trahi par ses employeurs descendra le Styx avec Paul Giametti comme passeur pour atterrir droit dans un enfer gardé par ses cerbères (Paul Dano, Fassbender). Le scénario a le bon gout d'éviter la manichéisme absolu aussi bien avec les maîtres que dans la vision d'une jungle où chacun fait ce qu'il peut pour s'en sortir, parfois au détriment des autres. Le crime contre l'humanité est bien là et comme attendu avec un réalisateur comme Steve McQueen on y va pas dans la demi-mesure : harcèlements, tortures, viols, meurtres. Mais là ou il y'a l'horreur il y'a également l'humanité, la rage et l'espoir. On assiste au passage aux chants noirs dans les plantations de coton, berceaux de musiques qui feront la gloire des grands labels américains un siècle plus tard.

12 Years a Slave est plus qu'un film sur l'esclavage, il est peut-être le film sur l'esclavage. Il aura fallu attendre un réalisateur britannique et quelques décennies pour que le 7ème art lui donne un écrin à la mesure du drame historique, il était temps.
sankaman71
8
Écrit par

Créée

le 26 févr. 2014

Critique lue 261 fois

3 j'aime

sankaman71

Écrit par

Critique lue 261 fois

3

D'autres avis sur 12 Years a Slave

12 Years a Slave
Eren
4

Kid...napping !

L'académisme apparent de ce film est une énigme et une évidence à la fois. McQueen accouche d'une mise en scène aussi louable que discutable. Il déploie également un casting palliant le masque de ses...

Par

le 20 févr. 2014

81 j'aime

13

12 Years a Slave
guyness
4

Soupires en pire

A l’angle de la Canebière et de la rue Vincent Scotto (qui donne sur Belsunce), au numéro 37, trône les lettres fluos du cinéma "Variétés". Le patron du cinéma traine une réputation peu reluisante...

le 16 févr. 2014

79 j'aime

59

12 Years a Slave
Hypérion
4

L'argument "Based on a true story" ça ne suffit pas.

Quoique @Before-Sunrise aie d'ors et déjà dit l'essentiel de ce que j'aurais pu gribouiller sur 12 years a slave, je vais me fendre de quelques lignes parce que bon, un oscar de meilleur film pour...

le 3 mars 2014

78 j'aime

20

Du même critique

La Reine des Neiges
sankaman71
4

Coup de froid

J'avais pourtant bon espoir et je pensais que Walt Disney Pictures allait continuer sur la dynamique de Raiponce. Les bonnes critiques fusaient d'un peu partout, j'y suis allé sans me méfier.....

le 7 janv. 2014

70 j'aime

32

Michael Kohlhaas
sankaman71
5

Une histoire à 2 CV

Quand je regarde l'affiche de Michael Kolhaas, elle rappelle quand même de manière assez nette celle de Braveheart, "Ah ouai ça fait longtemps qu'on a pas vu un bon petit film historique épique" me...

le 28 juil. 2013

26 j'aime

8

Le Roi et l'Oiseau
sankaman71
6

Je l'ai vu trop tard

Un peu décontenancé par tant d'éloges à propos de ce film. Les influences sur le Château dans le Ciel de Myasaki sont évidentes de même que d'autres grandes œuvres ont influencé Le Roi et l'Oiseau...

le 19 mai 2011

23 j'aime

4