“La vraie séduction de l’acteur, c’est faire admettre au public qu’il est vraiment le personnage” disait Bernard Gireaudeau et c'est bien le sentiment qui m'habite après le visionnage de ce long métrage de Steve McQueen. 12 years a Slave est un film remarquable autant par la manière dont il traite une hérésie déshumanisante que par les performances de ses deux acteurs principaux, Chiwetel Ejiofor et Michael Fassbender.
Le premier, incroyable d'humanité, prend les traits de Salomon Northup, homme libre tombé sous le joug de l'esclavagisme le plus primaire. Le deuxième, d'une intolérable cruauté dans sa dimension la plus abjecte, épouse les traits de Edwin Epps, propriétaire terrien dont la monstruosité et la folie ne pouvait être mieux interprétées. Par sa présence, ce dernier nous montre bien que l'esclavage n'est pas un fait de nature mais le résultat d'une idéologie monstrueuse qui consiste à assimiler la détention d'une vie humaine comme une manifestation de l'exercice du droit de propriété.
Ce film a, certes, des défauts (Brad Pitt, producteur du film, s'octroie un rôle sur mesure dont la performance sonne creuse en comparaison de celles de ses comparses) mais, au travers de performances majuscules, dépeint avec un réalisme certain une histoire qui n'a malheureusement rien d'une fiction.