12h08 à l'est de Bucarest par Aede
Drôle et humain, 12h08 à l'est de Bucarest fait partie de ces films promis à un public restreint. Des privilégiés ici.
Les réverbères s'éteignent les uns après les autres, laissant deviner une métaphore que l'on ne comprendra que plus tard. On suit ensuite le début de journée des trois principaux protagonistes. On découvre trois fortes personnalités, des personnages humains, avec leurs faiblesses.
Seize ans après le départ forcé du dictateur roumain Ceausescu, Virgile Jederescu, patron de la télévision locale, pose une question épineuse à ses concitoyens : la ville a-t-elle, oui ou non, participé à la révolution ? Pour tenter d'y répondre, il s'entoure d'un vieux retraité et un enseignant alcoolique. Se met en place progressivement le puzzle de l'hilarante deuxième partie : le débat télévisé.
Le choix d'une caméra fixe pour coller à la réalité a amené un travail très intéressant sur le cadrage. Il permet aussi de mettre en valeur les stupéfiantes prestations des trois acteurs principaux. La seconde moitié restera comme un des moments les plus drôles vus ces derniers temps au cinéma. Le travail sur le second plan, le hors champ et le comique de geste sont d'une drôlerie rare. L'humour fataliste adoucit la tristesse du quotidien et du décor, et fait du premier long métrage de Corneliu Porumboiu, auréolé de la Caméra d'or du dernier Festival de Cannes, une comédie humaine incontournable. Un film simple sur la forme, mais tellement profond. Une oeuvre que tous ceux qui aiment le cinéma doivent absolument voir.