Les Sept Samouraïs selon Miike
Un an avant Hara-Kiri : mort d'un samourai, Takashi Miike avait fait ce 13 Assassins et après visionnage du film, je me demande bien pourquoi il n'est jamais sorti en salles alors qu'Hara-Kiri en avait eu l'honneur. Question d'autant plus pertinente que ce 13 Assassins est bien plus vendable qu'Hara-Kiri surtout pour sa dernière partie qui regroupe tout ce qui fait de Miike, un réalisateur attendu au tournant à chacune de ses réalisations : des combats démentiels regroupant des dizaines de figurants pour des batailles d'un niveau rarement vu au cinéma (surtout sans renfort d'imagerie de synthèse).
Hara-Kiri avait beaucoup déçu de ce côté car il ne proposait qu'un seul combat (et plutôt mineure pour un Miike) préférant se concentrer sur son sujet ô combien passionnant et qui se révèle être la suite de ce 13 Assassins. Ce qui respecte la chronologie des sorties, 2010 pour 13 Assassins et 2011 pour Hara-Kiri : mort d'un samourai. Les deux films partagent le même sujet : les samouraïs, leur code d'honneur et leur destinée dans un monde qui n'a plus besoin d'eux. Un des figurants du film parle même d' « hommes qui ne servent plus qu'à couper des radis ». Ce 13 Assassins est leur baroud d'honneur pour sauver le Japon de la dictature, s'affranchissant alors de leur condition de simple pion et de leur absurdité dans un monde où les hommes ne peuvent plus se permettre de ne plus réfléchir. Hara Kiri ira encore plus loin et demeure leur chute. l'idéal, ce serait de regarder les deux dans l'ordre chronologique.
Les deux films partagent le même point faible, un rythme lent, presque contemplatif mais absolument nécessaire pour mettre en place les enjeux. Le début de 13 Assassins nous présente un monstre et je n'ai même pas besoin de mettre des guillemets car c'est tout simplement un tyran sanguinaire qui sera la cible de ces treize assassins missionnés pour mettre fin à sa vie avant qu'il n'accède au conseil du Shogun. Miike arrive parfaitement à nous faire bouillir en notre for intérieur et nous donne presque envie d'aller directement à la fin pour voir la mort de boucher (en même temps, on flippe parce quand même, ils sont 13 face à 200).
Le film bifurque ensuite vers le recrutement, un passage souvent bâclé pourtant il demeure un échelon essentiel car il conditionnera la sympathie du public envers ses héros et de ce côté, c'est mission réussie. J'ai adoré le mec de la forêt qui est aussi au cœur d'un passage comique inattendu et très réussi.
Le film se concentre très bien sur la préparation de la bataille même s'il n'est pas aussi réussi que celle du chef d'œuvre d'Akira Kurosawa, Les Sept Samouraïs (qui a donné ultérieurement lieu au remake américain Les sept mercenaires). D'ailleurs, le film 13 Assassins s'en inspire tellement qu'il en est presque un remake.
La bataille finale est un pur moment de gloire et de plaisir coupable d'une durée de presque 40 minutes non-stop. On y retrouve ce qui a fait la gloire de Miike avec Crows Zero, des combats démentiels qui partent dans tous les sens sans jamais être brouillon et dieu sait qu'il est difficile de l'éviter surtout avec un effectif aussi conséquent et sans avoir les moyens de les masquer par images de synthèse. Elle trouve son sommet avec le duel final très réussi.
Ce que je regrette toujours avec un film estampillé Miike, c'est qu'il n'arrive jamais à se surpasser pour arriver à toucher la corde sensible et à sublimer ses films comme Zhang Yimou le fait si bien avec son Hero. En fait, Miike, c'est un peu le Michael Bay japonais. Même s'ils ne réalisent pas de chefs d'œuvres, ils arrivent toujours à proposer des divertissements efficaces quitte parfois à dériver dans l'humour parfois douteux (Transformers/Crows Zero). Au moins, 13 Assassins est le meilleur Miike que j'ai vu.
Conclusion:
13 Assassins, remake masqué de Les Sept Samouraïs, est le meilleur Takashi Miike. Un divertissement ultra efficace sous fond de réflexion sur la condition du samouraï. A noter une bataille finale ultra spectaculaire d'une durée de 40 minutes!
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