14 Jours, 12 nuits tresse ensemble deux fils qui se repoussent l’un l’autre : le mélodrame d’une part, porté par une musique grandiloquente et larmoyante avec moult piano et violons tristes, par un dolorisme si appuyé qu’il en devient fabriqué, par des flashbacks trop nombreux, tellement nombreux qu’ils deviennent un automatisme de construction du récit et perdent ainsi toute spontanéité ; la poésie d’autre part, une poésie mélancolique qui cherche à puiser dans la contemplation de la nature vietnamienne une énergie apte à surmonter le deuil. Le problème, c’est qu’en poétisant le mélodrame, ou vice-versa, le réalisateur n’atteint jamais la justesse ; pire, il dégrade la pureté des sentiments mis en scène par des effets lourdingues qui plombent le film, lui coupent les ailes et le condamnent à errer sur le sol stérile des lamentations. Les deux actrices principales, au talent indéniable, ne sont par conséquent pas très bien dirigées, et leur jeu souffre de l’artificialité générale. Nous ne croyons guère à cette intrigue à tiroirs qui confond lenteur méditative et longueurs inutiles, exotisme et pittoresque, douleur du dialogue et tirades trop écrites, exhibant sans cesse le script initial.