On peut se laisser couler doucement dans ce film contemplatif aux thèmes lourds et forts. Tout comme se laisser porter par sa douce monotonie et ses belles images. Et il y en a beaucoup des séquences réussies visuellement qui flattent l’œil. Surtout parce que ce qu’à choisi de filmer Jean-Philippe Duval est d’une beauté naturelle à couper le souffle mais aussi parce que la sublime photographie d’Yves Bélanger magnifie chaque plan. Et cet aspect formel indéniablement réussi est tout aussi valable pour la partie canadienne et les scènes dans le bas Saint-Laurent que dans celles prenant place au Viêtnam. Les scènes dans la maison de l’océanographe jouée par Anne Dorval, encerclée par un manteau neigeux blanc immaculé et les rouleaux d’un fleuve déchaîné en hiver par la tempête, sont d’une beauté froide et glaçante. A l’inverse, ceux se déroulant sur l’itinéraire touristique en Asie, de la capitale Hanoï à la baie de Ha Long sont plus voluptueux et moites mais tout aussi sublimes. Ils évitent avec succès le côté carte postale ce qui n’était pas gagné d’avance. Le plan aérien sur l’accident de motoneige où la caméra prend de l’altitude est magnifique tout comme celui, nocturne, où l’on voit un bateau typique vietnamien se laisser voguer doucement sur une baie apaisée où seuls des lanternes permettent de le distinguer. Il n’y pas à dire, c’est un ravissement pour les yeux. Mais cet aspect contemplatif et lent rend parfois « 12 jours, 14 nuits » monotone et longuet, surtout au début car le film est très long à démarrer. Tant que les deux actrices principales qui se retrouvent autour d’un lourd secret à base d’adoption et de deuil ne sont pas réunies à l’écran, ça rame.
L’histoire en elle-même n’est pas originale mais très propice à l’émotion. Et on ne pourra reprocher à Duval de mettre l’accent sur le pathos ou de vouloir à tout prix faire pleurer dans les chaumières. L’émotion reste à distance, contenue. Trop même, nous laissant parfois sur le bas-côté des ressentis des deux personnages. Mais une scène, la meilleure du film, qui voit Anne Dorval avouer, en une seule longue séquence en plan fixe, son secret à Leanna Chea concentre toute la dramaturgie du long-métrage et fait éclater le talent des deux actrices. C’est poignant, pudique et fort. Le fait d’avoir choisi une narration entrecoupée de flashbacks entre passé au Québec et présent au Viêtnam est judicieux, cela casse un peu la nonchalance du récit et entretient le mystère mais c’est aussi la raison pour laquelle le premier tiers apparaît terne et mou. Finalement, « 12 jours, 14 nuits » est rempli de belles choses, de beaux sentiments et de belles images mais son traitement pourra captiver certains qui seront envoûtés et pris par l’histoire et en laisser d’autres sur le carreau de manière sporadique et durant une partie du film. Il a le bon goût de ne pas être long et supporte assez de qualités pour ne pas être quelconque, juste pas mal. Mais ce jugement reste à la discrétion de la sensibilité et la patience de chacun.
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