On se souvient avoir abordé à l'époque cet improbable "16 Blocs" comme une relique peu ragoûtante : Richard Donner (réalisateur "mou" qui ne nous avait jamais vraiment convaincus) filmait Bruce Willis (qui paraissait à bout de souffle et comptait à tort sur ce film pour relancer une nouvelle fois sa carrière) sur un scénario aux fortes réminiscences des films les plus "bourrins" des années 80-90 ! Et puis on doit bien avouer qu'on s'était pris au jeu, sans doute parce que, tout en avançant sur les rails bien huilés d'une histoire de flics ripoux vraiment trop conventionnelle, les acteurs se donnaient à fond, et surtout dans un premier degré tellement reposant pour les spectateurs essorés par tant de films de "petits malins" : Willis, épuisé, était toujours très bien, ce qui ne devrait pas nous surprendre, et Mos Def réussissait même à émouvoir en loser bavard en voie (risquée) de reconversion (même si l'on pouvait trouver rapidement son ton de voix des plus énervants !). Une seconde vision, en 2013, ramène les choses à leur juste place : le véritable drame de "16 Blocs", c'est la mise en scène de Donner, qui échoue complètement à reproduire la passionnante topographie du centre de Manhattan qui sert de terrain de jeu à nos protagonistes, et donc à matérialiser le stress lié à une progression difficile et à une lutte contre le temps : les ennemis apparaissent et disparaissent sans logique physique, et le suspense est rapidement désamorcé puisque le spectateur se sent manipulé en permanence. Le petit coup de théâtre scénaristique final n'est pas bête, mais il est terriblement mal amené et mal filmé, et finit par tomber à plat, à un moment où réalisateur et scénariste ont déjà décidé de jouer à fond la corde des bons sentiments larmoyants. Dommage ! [Critique écrite en 2013]