Comme le dit l'expression populaire,c'est pas beau de vieillir.Prenez ce pauvre Richard Donner.Réalisateur phare du cinéma de divertissement des années 70-80,il a quand même donné "La malédiction","Superman","Ladyhawke","L'arme fatale","Les Goonies",excusez du peu.Alors,quand on voit "16 blocs",ça fait franchement pitié,tant ce film est un grand moment de n'importe quoi et un tissu de conneries.La vedette en est Bruce Willis,acteur lui aussi en pleine dégringolade qui arbore pour l'occasion un de ces looks improbables dont il s'est fait une spécialité en vieillissant.Il incarne un flic en bout de course,démotivé,dépressif,gras du bide,alcoolo et boiteux.Il est regrettable que les scénaristes n'aient pas songé à le rendre également syphilitique,sourd et aveugle tant qu'à faire.Muet,il l'est presque,le type étant du genre taciturne.Un beau matin,alors qu'il est épuisé par une nuit de boulot,on lui ordonne de convoyer de sa prison au tribunal un délinquant qui doit témoigner contre des flics ripoux.Mais voilà,les policiers corrompus vont tout mettre en oeuvre pour empêcher le gars d'atteindre sa destination tandis que Bruce,retrouvant subitement efficacité maximale et détermination farouche,va parvenir à lui seul à sauver le témoin face à une armada de flics surarmés.Ce qui nous vaut,au fil de scènes d'action allant à deux à l'heure qui feraient honte à un épisode de "Candice Renoir", une interminable enfilade de situations désespérées pour les deux fuyards,dont ils se sortent miraculeusement à chaque fois au mépris de la logique la plus élémentaire.Cette débilité portée à son degré d'incandescence n'est pas sans rappeler ce hit willisien qu'est "Piège de cristal",dont "16 blocs" est en quelque sorte la version sénile et en plein air.Le film s'engouffre en outre dans cette nouvelle tendance lourde du polar US qui consiste à présenter des policiers pourris et des criminels,noirs de préférence,super-sympas.Sans doute les producteurs ont-ils commandé une étude de marché qui aura révélé que les truands fréquentent plus les cinémas que les flics.Normal,ils gagnent mieux leur vie,sont moins fatigués et ont plus de temps à consacrer aux loisirs.Ceci dit,le petit délinquant volubile,très bien interprété par Mos Def,est amusant et est le seul à bénéficier de dialogues bien écrits.Les policiers sont donc tous des enfoirés,même Willis,mais lui est un repenti car le sujet du film est évidemment le thème archi-rebattu du ciné ricain,la rédemption,qui touche les deux personnages principaux,permettant ainsi de clore l'histoire dans la mièvrerie la plus écoeurante.