Après avoir découvert John Hughes avec le pas très fin mais sympathique "Planes, trains and automobiles", je m'attaque à la première partie de son oeuvre, celle des chroniques adolescentes. Pas de bol, je m'attendais à découvrir une facette plus sensible du réalisateur, mais visiblement le potache est inscrit dans ses gènes. "Sixteen candles" se pose bien moins en film générationnel qu'en farce rase-mottes émaillée de bons gros clichés périmés depuis belle lurette.


Pour situer un peu l'humour global du film, on se situe quelque part entre la délicate subtilité de "Police Academy", la verve de Michel Leeb et le bon goût de "Mes chers voisins". Autrement dit, il y a de quoi sourire laborieusement 2-3 fois, sans que cela ne suffise à masquer la gêne terrible que provoquent ces gags vieillots et usés jusqu'à la moelle, appuyés par des effets cartoon sortis tout droit de la sonothèque des Looney Tunes. Une gêne qui atteint son paroxysme à chacune des apparitions de Long Duk Dong, un Chinois qui doit en fait sûrement avoir du sang japonais du côté de son arrière-beau-gendre, vu qu'il se promène en kimono et hurle "Banzaï !" à tout va. En plus y'a un gong qui retentit dès qu'on le voit à l'écran. Mais bon, Chinois, Japonais, de toutes façons c'est juste un bridé, semble se dire John Hughes. Qui n'est pas à ça près, puisqu'il semble également avoir du mal à distinguer les Polonais, les Gitans et les Italo-Américains.


Puisqu'on se raccroche à ce qu'on peut, il y a un personnage très intéressant dans "Sixteen candles". Elle s'appelle Sam, comme dans le titre français. Mais John Hughes ne doit pas la trouver si intéressante que ça. Alors à l'instar de sa famille qui oublie son anniversaire, le réalisateur la bazarde comme un sagouin, à tel point que l'intrigue autour de Sam ne doit pas durer plus d'un tiers du film, en tout et pour tout. Et c'est bien dommage parce que Molly Ringwald se montre touchante et apporte un peu de cette subtilité qui fait tant défaut au film. Elle fait même oublier que sa bluette avec le beau gosse du lycée s'avère, au fond, profondément banale, superficielle et mal écrite. John Hughes touche du doigt le mal-être de Sam, sans réellement dépasser les poncifs et sans parvenir à nous plonger dans les états d'âme de l'adolescente.


A côté de ça, on a heureusement d'autres performances d'acteurs assez sympas, comme Anthony Michael Hall qui parvient à nous faire apprécier par certains côtés son personnage allègrement caricatural, ou Max Showalter, l'un des seuls personnages adultes à m'avoir fait sourire. On a aussi le plaisir de découvrir la jeune fratrie Cusack dans des petits rôles sans prétention, dont le frangin qui avait à l'époque un petit air de Shia LaBeouf.


Voilà, autant le dire net, "Sixteen Candles" est pour moi une redoutable déception, qui dévoile de façon cruelle les erreurs de jeunesse de John Hugues en tant que cinéaste et en tant que scénariste. Mais aussi peut-être dans une certaine mesure - et c'est tout à fait excusable - un manque de confiance en lui et en ses propres capacités de réalisateur, qui le pousse par exemple à tartiner de musique tire-larmes quelques scènes qui s'en seraient bien passées (la conversation père-fille). En résulte un film fatalement anecdotique...

magyalmar
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le 7 août 2017

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magyalmar

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