Un film fleuve, qui se boit avec avidité.
A travers le destin d'une communauté rurale, c'est toute l'Histoire de l'Italie de la première moitié du XXème siècle qui est retracée. La lecture historique est plus que crédible. Ça ne rend la propagande communiste que plus efficace. Elle ne se dévoile réellement que pendant la dernière demi-heure, en tout cas pour moi qui était venu voir le film par hasard et qui n'y étais pas du tout préparé.
Surtout, la description méticuleuse (il faut dire qu'il y a le temps) des souffrances exercées sur les travailleurs permet d'expliquer, voire de justifier, les violences qui sont commises lors de la révolte, en introduction et en conclusion. On comprend que l'engrenage tel qu'il est dépeint, implacable, est au service d'une cause bien précise : présenter la révolution marxiste comme inévitable, logique, juste et, évidemment, souhaitable. "Ce qui est à toi est à nous". Cette phrase est prononcée à deux reprises. Dans le contexte de la première partie, c'est le bon sens paysan. Dans celui de la dernière partie, c'est la collectivisation. Un lien direct est établi, et c'est je crois le propos tout entier du film.
Mais même si l'on n'est pas un marxiste convaincu, le film est tout à fait valable. La dernière articulation est un peu pataude, et il suffit de replacer le film dans son contexte pour le pardonner (ou pou l'apprécier). De toute manière, même elle décrit des faits biens réels.
Je crois aussi que c'est un film qui peut être très utile dans le contexte actuellement d'effondrement des structures et du milieu. Il y a des parallèles à dresser avec les bouleversements amenés par la révolution industrielle. Et des solutions à trouver pour mieux négocier la transition, notamment en terme d'ouverture au changement de la part de ceux qui exercent le pouvoir.