Pour moi, le thriller est un plaisir coupable. En général, je succombe l'été. Cette année, c'est pilgrim qui m'a fait fléchir.
Et en effet, on est tout de suite rassuré: l'écriture est fluide et prenante et on ne voit pas passer les prédiques 900 pages. Le héros est bien construit, tout comme chaque personnage secondaire.
Côté scénario, on oscille entre l'espionnage et le policier. Deux intrigues sont mêlées, pas forcément très naturellement. Chaque passage pris en soi est vraiment très bon (mes préférés: la scène du meurtre initiale, l'histoire du rider of the blue, ...) mais leur mise bout à bout pose parfois problème. On regrettera aussi la trop grande linéarité de l'enquête (aucune erreur du héros, qui devine tout à l'avance, ce qu'il reconnaît d'ailleurs à la fin: "tout aura été utile"). Les plus pointilleux remarqueront la faiblesse du mobile du terroriste, qui estime plus simple de détruire les états-unis pour affaiblir ses alliés que de faire tomber directement la famille royale saoudienne... Celui-ci a d'ailleurs le bon goût de décharger l'Amérique de toute culpabilité dans sa guerre contre le terrorisme.
Tout ces points constituent des écueils que l'on pardonne généralement aux thrillers. Ce qui pose un réel problème, c'est l'américanisme au premier degré qui tend vers le racisme. Chaque pays visité est caricaturé en une phrase (Albanie, pays de mafieux, France, pays du luxe, ...) sans aucune subtilité, et l'auteur se permet même des inexactitudes pour appuyer ses vues: il présente le Bahreïn comme un havre de liberté, il parle du "génocide des kurdes" (sic).
C'est sérieux, et ça gâche la lecture.