Techniquement, il y a des scènes incroyables, notamment cette échappée nocturne dans le village en ruines, ou bien cette dernière grosse séquence sur le champ de bataille - à donner des frissons. Cependant, je trouve ce film "plan séquence" moins marquant qu'un Birdman, ou que les plans de Gravity. Pourtant la caméra ne manque pas de briller, mais on finit assez vite par oublier cette technique de réalisation tant elle n'offre pas tant de moments de s'extasier et de ressentir l'urgence, justement, d'une telle mise en scène. Par ailleurs, on éprouve peu d'empathie pour les protagonistes, bien plus pour l'objectif final, et le doublage français est très médiocre. Et puis, admettons-le, c'est bien trop vide et désertique (pourtant Cuarón avait réussi à captiver dans l'espace). On a plus l'impression d'être devant La Route que dans Dunkirk (qui savait très bien manier le facteur temps). 1917 reste un bon film qui, certes, ne justifie pas l'utilisation de son plan séquence - en sus d'une photographie peut-être d'époque mais sans éclat de la part de Deakins - et offre, néanmoins, une aventure humaine parcourue de belles émotions qui m'a surtout fait penser à Cheval de Guerre de Spielberg. Et c'est finalement un peu ce souvenir qu'il nous reste, une traversée poétique des paysages pittoresques, avec ses accents plus tragiques par endroit, plutôt qu'une plongée tortueuse et crasseuse dans l'atrocité de cette guerre.