Sam Mendes, réalisateur acclamé, nous plonge en 1917 dans une mission périlleuse suivant deux jeunes soldats chargés de livrer un message crucial derrière les lignes ennemies.
Dès les premières minutes, 1917 impressionne par sa virtuosité technique. Le choix audacieux du plan-séquence unique (ou presque) immerge totalement dans l'action, particulièrement durant une première demi-heure captivante. La traversée du No Man's Land illustre avec brio l'absurdité et la violence de la guerre, tandis que des moments plus intimes, comme la rencontre avec une jeune Française ou la scène de la chanson, ajoutent une respiration bienvenue. À aucun moment on ne ressent la longueur des deux heures, tant le rythme est bien géré.
Cependant, sous cette maîtrise apparente, le film manque de profondeur émotionnelle. La mort de Blake et la rencontre avec son frère, moments pourtant cruciaux, peinent à émouvoir. Cette froideur découle peut-être d’un scénario parfois peu crédible : pourquoi confier une mission si périlleuse à seulement deux hommes ? Par ailleurs, le film souffre du syndrome du héros invincible : Schofield échappe à des situations invraisemblables avec une chance qui frôle l'immortalité. Le climax, censé être le point culminant, déçoit également par un manque de tension palpable et des choix scénaristiques discutables.
Enfin, la bande-son, signée Thomas Newman, bien que puissante par moments, se révèle souvent intrusive, donnant l’impression de surjouer des séquences déjà intenses. Cela crée une ambiance plus proche du jeu vidéo que du drame de guerre.
1917 reste un exploit visuel et une expérience immersive, mais sa narration bancale et son absence d’âme empêchent l’impact attendu. Un film à voir pour ses prouesses techniques, mais qui laisse un goût d’inachevé.