Sous le forme de la confession écrite d’une épave amputée et schizophrène qui se cache dans une chambre d’hôtel en 1930 s’étale le sombre récit de ses actes commis en 1922, avant que ce tueur rongé par le remords ne se fasse engloutir complètement par la douleur et les manifestations vengeresses et surnaturelles de ses méfaits. D’abord pris par les préoccupations rurales d’un fermier du centre des USA, par l’ambiance malsaine qui règne avec son épouse et par l’espoir qu’il place dans son fils, le film nous captive ensuite par un avant, pendant et après meurtre tout aussi domestique et maladroit, avant de s’enfoncer dans les mécanismes intimes de la culpabilité et la cascade de malédictions conséquentes qui s’acharneront à briser le coupable pour lequel va néanmoins toute notre sympathie.
Version cinéma d’une nouvelle de Stephen King, voici la dure et singulière histoire d’une vengeance d’outre-tombe, et surtout du lent supplice et de l’irrépressible descente aux enfers d’un assassin, magnifiquement incarné par un méconnaissable et bluffant Thomas Jane, à des années lumière du Punisher ou du Mist. A la manière d’un conte pour enfants adultes, la morale stephenkinguienne s’adresse à tous les braves gens qui cachent aussi un assassin dans leur inconscient cupide et leur vision à court terme, en nous racontant comment l’enfer qu’on mérite ne se trouve pas après la mort mais bien avant.