En 1941, après le bombardement de Pearl Harbor, un sous-marin japonais navigue aux larges des côtes californiennes afin de bombarder Hollywood, symbole de la culture américaine, et ainsi porter un coup au moral des populations. Mais l’armée américaine n’est pas prête à se laisser faire, pas plus que les civils. A Hollywood, la défense s’organise. Ou plus précisément, se désorganise…
Tous les réalisateurs ont eu un film maudit dans leur carrière. Spielberg, c’est 1941, une comédie délirante dont l’échec critique et commercial, faillit porter un coup fatal à la carrière d’un réalisateur qui avait encore ses plus grandes heures devant lui. Et quand on voit le résultat, on se dit que, décidément, on aura toujours du mal à comprendre ces deux entités étranges que sont le public et les critiques.
Ecrite par Robert Zemeckis et Bob Gale, 1941 compile de nombreuses anecdotes réelles (le sous-marin japonais, le canon dans le jardin, les fausses alertes dans le ciel d'Hollywood) pour s’en amuser et les tourner à la comédie dans une satire des films de guerre qui firent la grandeur du cinéma américain. C’est sans doute cet aspect satirique qui valut à Spielberg d’essuyer les refus de John Wayne et Charlton Heston, Wayne allant même jusqu’à lui déconseiller de faire le film. Malgré tout le respect qu’on doit à ce géant du cinéma, c’eut tout de même été nous priver d’une sympathique pépite.
On retrouve en effet dans 1941 la folie furieuse du cinéma de Robert Zemeckis, mais ici magnifiée par la mise en scène toujours aussi incroyable de Steven Spielberg, notamment grâce à ce gadget français qu'il venait de découvrir et qui se popularisera par la suite : la Louma, une caméra montée sur grue qui permet une mobilité de l'image alors inédite. Multipliant les personnages, et par la même occasion les acteurs prestigieux (Dan Aykroyd, Toshiro Mifune, Christopher Lee, John Belushi, John Candy), le script de Zemeckis nous promène à une allure échevelée d’un point à un autre, nous dressant une fresque joyeusement rocambolesque dans laquelle on s’immerge vite pour ne plus vouloir en ressortir.
L’humour n’est certes pas toujours des plus fins et le montage est souvent étrangement raté (alors même que c’est le fidèle Michael Kahn qui occupe le poste, comme d’habitude chez Spielberg : en revanche, il est beaucoup moins raté dans la version longue, à privilégier), mais il se dégage vite de cet ensemble foutraque une délicieuse atmosphère exubérante dont l’hystérie contamine vite le spectateur qui est là pour se détendre, que les hommages cinéphiles de Steven Spielberg ne viennent que renforcer (de l’autocitation des Dents de la mer à la présence incongrue de Dumbo, en passant par des allusions moins grosses à L’Homme tranquille ou à New York-Miami).
Dès lors, 1941 devient un enchaînement de séquences toutes plus cultes les unes que les autres (le bal de jitterbug, le duel en avion au-dessus d’Hollywood, le canon dans le jardin…) qui font de cette comédie de Spielberg un délice de tous les instants qu’évidemment, une partition sans faille de John Williams vient parachever.
Que l'on n'ait pas compris ce film à l'époque de sa sortie ne doit pas nous empêcher, aujourd'hui, de le goûter comme ce qu'il est : un film à part entière dans la filmographie d'un créateur unique en son genre, un vrai divertissement - peut-être un peu trop prétentieux, mais pas raté - comme Spielberg a toujours su en offrir à son public, une comédie qui, malgré ses indéniables faiblesses, a tous les ingrédients d'un petit film culte.