La haine engendre la haine opposée

Après une bande-annonce plutôt trompeuse qui laisse davantage percevoir le côté sportif du scénario, 1:54 nous fige telle une claque qu'on aurait pas vu venir. Car derrière cette histoire de compétition et de dépassement de soi, le film aborde bien plus de thèmes profonds et sérieux comme l'humiliation scolaire, le deuil, l'acceptation de notre identité et le désir de vengeance qui nous ronge jusqu'à perdre la raison. Sectionnés en trois parties distinctes, la réalisation du tout jeune réalisateur Yan England a le mérite d'être limpide et imprévisible par ses revirements de situation ! La première partie s'ouvre en effet sur le quotidien de deux adolescents victimes de harcèlement gratuits et violents avec une touche d'humour et de tendresse débouchant ensuite sur une partie plus accès sur la compétition sportive où l'adolescent fait le choix de confronter ses bourreaux par la façon la plus humble possible, sans avoir recours à la violence. Et la dernière, qui est en sans doute la plus inattendue, vient achever cette histoire d'une façon saisissante, mais je n'en dirais pas plus au risque de gâcher la surprise mais sachez que cette fin met en avant un thème fort, tabou et très actuel. Tout cela raconté par le biais d'une image simple, épurée et brute de tout désir d'esthétique (en cela, on s'éloigne d'une oeuvre de Dolan ou de Moonlight), servi avec une bande originale efficace mais discrète et surtout par de jeunes acteurs bluffants. Antoine-Olivier Pilon, star de Mommy, délivre une prestation sensible et poignante face à l'étouffement journalier de ses camarades. Lou-Pascal Tremblay, beau gosse au visage fin, devient laid et incompréhensible par la cruauté et la non-remise en question de son personnage. Sophie Nélisse est simple mais sincère mais je retiendrais aussi la performance du père, joué par David Boutin, qui occupe sûrement les scènes les plus touchantes. 1:54 m'a marqué par la direction franche de son scénario et la simplicité de sa réalisation. On en sort troublé, ému et déstabilisé face à une succession de "joke" qui se transforment en un calvaire irrattrapable.

alsacienparisien
8

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le 22 mars 2017

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