La première chose qui me vient à l’esprit en repensant à ce film c’est le silence dans la salle à la fin, et le générique qui défile sans musique achevant la projection de manière brillante. On se regarde tous et on reste silencieux comme si nous rendions hommage au personnage autant que ces dernières scènes. Quelque chose de pesant se dégage tout le long du film que l’on retrouve décuplé à ce moment là parce que ce que l’on redoutait est finalement arrivé mais aussi parce que le thème traité est grave et nous rappelle à l’ordre. Plusieurs propos sont mélangés dans le film et c’est ce qui fait sa force; sujets que l’on ne perçoit pas clairement dans la bande annonce à première vue d’ailleurs. La surprise créée est d’autant plus bouleversante que les thèmes choisis sont touchants. Que ce soit le harcèlement scolaire ou la descente psychologique de cet adolescent, on ne peut rester de marbre. Qui n’a jamais vu passer un témoignage d’un ado torturé à l’école, qui n’a jamais eu de la peine pour ces gosses perdus et traumatisés par d’autres ?
La simplicité est prenante et paye, les images sont au service de l’histoire et servent le scénario qui est très bien tiré. Chaque scène a son rôle et son impact. On comprend très vite avec les plans filmés d’en haut du début qu’il va s’agir de rapports de domination, de force. Yan England nous fait beaucoup plonger dans le regard et les pensées du personnage principal à travers des plans très longs dans leurs silences mais qui pourtant ne nous lassent pas car ils nous touchent profondément. La dernière force du film est probablement dans son trio d’acteurs excellent, qui, que ce soit dans la colère, la haine, la peine ou l’empathie sont tous très convaincants.