Critique originale sur Le Mag du ciné
Après le sublime Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma qui rendait les femmes gracieuses, enchaîner avec Une fille facile n’était pas chose aisée tant le premier avait bouleversé. Rebecca Zlotowski dont on connaît Belle Épine ou encore Grand Central revient donc à Cannes, très à l’aise, avec un film qui ressemble davantage à un premier essai qu’à une sélection de Quinzaine des Réalisateurs.
Le film est aussi cheap que le tatouage ‘carpe diem’ en bas du dos, une sorte de Mektoub, My Love : Canto Uno version grotesque et facétie. Pourtant, le propos est bon. La fougue des étés, la découverte de soi et de ses désirs et le fantasme quand on a 16 ans de voir son modèle féminin voguer en toute liberté. Zahia qui fait ses premiers pas d’actrice, aurait très bien pu l’incarner, mais le résultat de cela n’est finalement qu’un jeu d’une immense superficialité et elle n’est pas la seule à nous faire rire malgré elle. La réalisatrice s’essaie même à une voix off rajoutée qui embourbe le film dans un récit manquant de finesse et de justesse pour n’offrir qu’un vaste essai où la liberté des corps manque de conviction, un film de vacances que l’on aurait presque pu faire avec le caméscope des parents.
La mise en scène ne sert ni les acteurs ni le film en lui même en offrant des scènes assez improbables, notamment celle où sexe et oursins se confondent. Quelle est l’intention, quel est le propos ? Tout y est maladroit. Et on veut bien passer 1h30 à regarder le corps d’une femme être filmé ainsi, certains le font très bien comme Kechiche, mais ici, cela semble bien creux et vain. Gratuit. Surfer sur l’image de Zahia pour rendre aux femmes toute leur liberté d’agir, dans l’idée, on est plus qu’emballés, mais encore faut-il en faire un film, une œuvre de cinéma qui transporte et fasse vivre une histoire au spectateur. Le féminisme discret de Céline Sciamma était bien plus passionnant que celui de Rebecca Zlotowski, qui nous sert un long métrage dans lequel résonne une époque, certes, mais peu d’engagement artistique.