Une ouverture sublime, un long tunnel planant, un suspense cybernétique infernal, puis un final halluciné : il y a tout dans "2001 : l'Odyssée de l'Espace", et avant tout la meilleure illustration du génie d'un réalisateur visionnaire comme l'histoire du Cinéma en compte très peu. "2001" ouvre littéralement une brèche d'infini dans l'imagination des spectateurs, qui suffoquent un peu, à la fois dépassés et hypnotisés : comme le personnage de l'astronaute, seul et flottant dans le cosmos, chacun d'entre nous est seul, face au silence absolu, face à la rareté des mots, face au mystère de notre propre existence. Face à ces images d'une folle poésie futuriste et glacée. "2001" est souvent considéré comme "le plus beau film du monde", qui a engendré des fleuves de commentaires, critiques, interprétations : s'agit-il avant tout d'un conte philosophique (nietzschéen donc, de l'avis des experts) dont on sent que l'on ne pourra jamais épuiser le mystère ? S'agit-il de la seule superproduction auteuriste de Science Fiction à date, grâce au contrôle absolu que Kubrick, plasticien fou, exerça sur chaque détail technique ? S'agit-il d'un film purement expérimental qui fait basculer le cinéma vers la Beauté absolue d'un tableau de maître ou d'une symphonie classique ? Oui, un peu de tout cela sans doute, mais tant d'autres choses encore. Car "2001" appartient, comme tout chef d'œuvre essentiel de l'Humanité, autant à notre héritage collectif qu'à notre subconscient individuel. Il risque bien de rester indépassable, mais il n'y aucune raison de s'en désoler, puisque nous l'avons.
[Critique réécrite en 2017, à partir de notes prises suivant divers visionnages du film, et de lectures le concernant]