2001 L'Odyssée de l'espace, c'est un acte de foi, tout simplement.
Kubrick a lui même donné la plus parfaite définition de son film :
J'ai essayé de créer une expérience visuelle, qui contourne l'entendement et ses constructions verbales, pour pénétrer directement l'inconscient avec son contenu émotionnel et philosophique.
J'ai voulu que le film soit une expérience intensément subjective qui atteigne le spectateur à un niveau profond de conscience, juste comme la musique ;
« expliquer » une symphonie de Beethoven, ce serait l'émasculer en érigeant une barrière artificielle entre la conception et l'appréciation
Vous pouvez haïr ce film, étant donné sa lenteur, son hermétisme, sa froideur implacable, sa musique trop ou pas assez présente, son manque flagrant d'action, son scénario apparemment abscons.
Vous ne pouvez pas aimer ce film. Kubrick n'entreprend aucune démarche pour séduire le spectateur, ne cherche pas à susciter l'émotion, des sentiments, de l'attachement. Tout semble lointain, évanescent.
Mais vous pouvez croire à ce film. Vous laisser hypnotiser, au premier sens du terme, par ce défilé d'images et de prises de vues dantesques, par cette musique tonitruante et ces silences assourdissants. Par cet œil rouge, qui s'imprègne de notre propre ressenti de spectateur halluciné.
L'histoire, accessoire et centrale à la fois, est sujette à moult théories aux conclusions opposées. Je résisterai à l'envie de vous proposer la mienne. Ne lisez pas le livre avant d'avoir vu le film en tout cas, au risque de gâcher la trame narrative.
Ah oui, HAL 9000, meilleur personnage de toute l'histoire du cinéma.
EDIT : Etant un fan absolu, mais pas un fanboy intégriste, je vais essayer d'étayer mon propos... Je crois que ce qui fait de Kubrick un grand cinéaste, c'est l'esthétique littéralement hypnotique de ces films. J'insiste sur le littéralement. Et dans ce domaine là, 2001 l'Odyssée de l'Espace, c'est le must du genre. Personnellement, je passe dans un état totalement second quand je regarde ce film; on est à la limite du chamanisme visuel (je me comprend mais je ne dois pas être très clair).
L'hypnose a une constante. Beaucoup de gens y sont totalement insensibles. Je pense que pour Kubrick c'est pareil : soit tu es hypnotisé et le film est un chef d'oeuvre à tes yeux, soit il ne se passe rien, et là, la "lenteur hypnotique" du film devient une expérience moribonde particulièrement décevante.
Il existe aussi une troisième catégorie de gens face à Kubrick : les faux culs (Si, si, ça existe). "Kubrick c'est un génie absolu" "Pourquoi ?" "Ben, tout le monde le dit..."
Objectivement, je pense qu'une majorité de gens n'aiment pas Kubrick, mais préfèrent ne pas le dire de peur de se faire lyncher. D'où ce consensus assez énervant au final.
Ce qu'on ne peut pas lui retirer en revanche, ce sont les innovations techniques et visuelles que Kubrick a apporté au cinéma au général, ce souci du détail absolu. Et encore une fois dans ce domaine, 2001 est un modèle du genre. Rappelez vous les films de SF avant 2001, c'était carton pâte au possible. Et des films postérieurs à 2001 L'odyssée de l'espace ont beaucoup moins bien vieilli.
(Edit extrait d'une conversation ayant lieu dans la section commentaires de la critique de Herwen)