Vu il y a quelques années, j’avais gardé un souvenir très mitigé de ce film. Ayant tenté de le revoir, ma perception a changé du tout au tout… De nombreuses critiques ont déjà été écrites sur ce film culte, je ne vais rien ajouter de nouveau, j’exprime simplement mon ressenti.
Pour apprécier L’Odyssée de l’espace, il vaut mieux savoir d’emblée qu’il ne s’agit pas d’un film de science-fiction avec de l’action, des vaisseaux spatiaux qui se tirent dessus et de nombreux rebondissements. Il s’agit au contraire d’un film lent, somptueux, contemplatif. Il débute à l’aube de l’humanité, quand les hommes étaient encore des singes… puis nous transporte plusieurs millénaires plus tard, d’un coup d’os lancé dans le ciel, dans les vaisseaux spatiaux volant dans le vide sidéral.
L’Odyssée de l’espace est avant tout une expérience sensorielle unique : expérience visuelle grâce à ses images sublimes, et expérience auditive grâce à la musique soigneusement choisie qui transforme ce voyage stellaire en une valse spatiale.
Une expérience qui n’est pas uniquement contemplative. Elle est aussi glaçante à certains moments. Par exemple quand la voix de Hal, intelligence artificielle, résonne dans le vide de l’espace. Une voix sans affect que ce soit positif ou négatif, une voix parfaitement calme, implacable.
C’est encore un film qui nous donne de ressentir notre petitesse face à l’immensité de l’espace et aussi face à l’immensité du temps qui s’écoule pour les hommes depuis des millénaires. Petitesse aussi face au sens de cette vie : que faisons-nous ici, où allons-nous ? Et cette interrogation est pour moi symbolisée par ce monolithe noir qui fait rebondir le film chaque fois qu’il apparaît en participant à l'évolution de l'humanité. Un monolithe mystérieux dont on ne comprend pas grand chose, sinon qu'il a à voir avec une intelligence supérieure non humaine, et qui selon moi représente notre non-savoir sur la vie, sur l’existence. Nous pouvons croire ou ne pas croire en Dieu ou avoir d’autres formes de croyance et de non croyance. Au final, nous ne savons rien, nous ne pouvons être sûrs de rien.
Puis arrive cette dernière séquence étrange et mystérieuse sur laquelle je n’arrive pas encore à mettre de mots. Pourtant deux choses: cette finale semble volontairement n'imposer aucune signification précise et Kubrick lui-même s'y est refusé. Il est possible de lui donner des sens variés, c'est une séquence qui reste ouverte et qui se veut ouverte dans son interprétation. Autre chose : c'est une séquence qui débouche dans la vie et sur une nouvelle naissance. De l'aube du monde à une vie nouvelle au-delà de la mort, ce film célèbre l'existence en son mystère.
Je comprends aisément qu’on puisse ne pas apprécier ce film déroutant par de multiples aspects. Une chose est sûre, il n’est pas banal. Pour ma part, je suis prête à revivre cette aventure et à valser dans l'espace stellaire !