J'ai toujours eu envie de faire une critique sur ce film. Mais j'ai jamais eu le courage ni la force pour m'y atteler. Aujourd'hui, Vendredi 26 juillet 2013, je décide de me lancer.


ATTENTION ! BALISE SPOILERS !


2001 : l'odyssée de l'espace est un film miraculeux. Miraculeux dans sa trame narrative, dans la puissance des images, des personnages et bien sur et tout simplement, la fin du film est un miracle absolu du cinéma. Une des plus belles, une de celles qui porte le plus à débat aussi. Kubrick atteint ici l'oeuvre ultime de SF, et pousse son génie visuel au maximum. Le film est un voyage, pour les personnages, mais également pour le spectateur.


Il est très complexe de résumer 2001, tout simplement parce qu'il n'a pas de trame linéaire. On fait des bonds dans le temps et l'espace constamment, Kubrick usant d'ellipses toutes plus belles que les autres, ce qui nous ramène à parler d'un film en trois parties : Le singe qui devient Homme, la transformation et domination de l'intelligence artificielle qui deviendra un être capable d'émotions, et le passage dans une autre dimension. Chacune de ces parties s'articulant autour d'un seul objet (témoin) : le monolithe noir.


Mais tout d'abord nous avons ces singes. Des singes plus vrais que nature, tellement réalistes que les spectateurs de l'époque pensaient que l'on avait fait tourné des vrais singes. Les voilà qu'ils découvrent le monolithe au milieu de la savane. C'est alors qu'à son ombre, un des anthropoïdes se saisit d'un os et apprend à s'en servir comme d'une arme, et ses semblables se mettent à tuer des animaux et à les manger, et triomphent devant des hordes rivales grâce à leur supériorité technique. Pendant ce temps le monolithe se dresse devant nous et contemple son oeuvre. La nature n'est plus reine sur Terre. L'humanité vient de commencer et son évolution avec elle.


Vient alors l'un des plus beau raccords de mouvement jamais réalisé au cinéma. L'homme primitif se dresse sur ses pattes arrière et contemple l'os qu'il a ramassé. Il sait que l'arme qu'il vient de créer lui confère pouvoir et autorité. Il balance alors son bras et lance l'os en l'air. La caméra le suit jusqu'à ce que la gravité joue son rôle. La coupe se fait et plus d'os, seulement un vaisseau spatial de forme similaire seul, perdu au milieu de l'infini de l'espace. Et là Kubrick réalise ce que personne avant lui n'a jamais fait. L'espace est silencieux. Et ce silence total est très inconfortable pour le spectateur. Il démontre ici qu'il n'est pas qu'un génie visuel, on le savait déjà, mais qu'il est un artiste complet capable de jouer sur tout ce que lui offre le cinéma pour créer une oeuvre parfaite.


Ce bon dans le temps et dans l'espace va lui permettre de poursuivre son voyage vers l'évolution de l'humanité. Futur lointain, un scientifique part en mission (secrète) sur la lune après la découverte d'un monolithe noir qui émet un rayonnement puissant en direction de Jupiter. Les scientifiques pensent qu'il est très ancien et qu'il a été placé là de manière intentionnelle. Le vaisseau est guidé par un ordinateur de bord, doué de parole et répondant au nom de HAL 9000. Il est l'entité électronique la plus complexe qui ait jamais été réalisée.
Outre le fait que HAL est probablement un des méchant charismatique de l'histoire du cinéma, il est surtout le personnage principal du film. Car les autres ne signifient rien au spectateur : pas d'identification possible à telle ou telle personne puisqu'on ne connaît pas leur traits de caractères. De plus, la froideur qui se dégage du film de par la perfection technique atteinte par Kubrick coupe définitivement tout lien possible. Et avec aussi peu de paroles il ne faut pas s'attendre à ressentir quoi que ce soit pour quiconque. Ce qui nous amène à HAL qui est le seul être à avoir été clairement identifié en temps que méchant. Méchant ? Oui ! Les humains voulant le débrancher après qu'il ait fait une erreur. Pas de chances, il sait lire sur les lèvres et se met à tuer tout l'équipage sauf un membre, Bowman, qui va réussir à venir à bout de la machine, qui va agoniser pendant un moment.
Pendant ce temps un monolithe noir passe à côté du vaisseau Discovery. Bowman le suit.


Et là on arrive dans la dernière partie. La plus belle à mon sens. C'est à ce moment que Kubrick pousse son génie visuel au plus loin, atteignant un niveau rarement égalé, si ce n'est par lui même.
Une porte s'ouvre et Bowman s'y engouffre, traverse un tunnel lumineux à effet psychédélique, il pousse un cri... muet. Le silence es éternel, les couleurs dansent sur ses yeux grands ouverts, il voit tout. Et il arrive dans une chambre blanche, mode Louis XVI. Il se voit en combinaison avec quelques années de plus, puis encore lui cheveux gris assit à une table et enfin un vieillard dans son lit. C'est encore lui. Et au bout du lit se tient le monolithe, le guide, le témoin ultime de la dernière étape de l'évolution de l'homme : la réincarnation. Car c'est un fœtus qui se dresse maintenant dans le lit. Le silence est insoutenable, et soudain surgissent les premières notes de Richard Strauss, Also Sprach Zarathustra. Zoom sur le monolithe et explosion de musique. Le fœtus contemple la Terre, la boucle est bouclée.
Ce qui est intéressant dans cette séquence finale, c'est qu'on a vraiment l'impression de tout comprendre. Mais en fait non, puisqu'on se rend compte que plusieurs explications sont possibles. Bowman a vieillit rapidement au fur et à mesure de son voyage à travers l'espace. Agonisant dans son lit il essaye de toucher le monolithe. Serait-ce donc le monolithe qui serait responsable de l'évolution de l'humanité ? La découverte des armes par les singes, l'intelligence artificielle qui se met à exprimer des sentiments au contact du monolithe. Puis vieillissement progressif de Bowman jusqu'à réincarnation en fœtus.
Le Monolithe est un des objets les plus intéressants du 7e art. Est-ce vraiment cet objet extra terrestre qui a provoqué l'arrivée de l'Homme sur Terre ? Dans quel but ? Comment est-il arrivé sur Terre ? De nombreuses questions auxquelles il n'y aura jamais de réponses fixes. Le jeu sur la réalité ou l'illusion et totale, Kubrick est grand.


2001 a révolutionné la Science fiction, l'a enrichi par son aspect unique, mais a également changer notre façon de penser l'univers. Personne n'avait représenté l'espace infini comme l'a fait Kubrick. Le soleil éclatant, les reflets de la planète bleue, la station spatiale tournant autour, le silence infini qui domine le film et qui entoure cet astronaute mort, dans sa combinaison jaune, destiné à errer sans fin dans l'univers.
Son génie atteint des sommets avec ce chef d'oeuvre, qui restera à jamais, et pour l'éternité, l'un des plus grands films jamais tourné.


PS : Si vous lisez ceci c'est que vous êtes arrivés au bout de ce pavé. Je vous remercie d'avance d'avoir pris le temps de tout lire, je sais que ça peut être chiant si c'est trop long. Mais voilà, quand on aime on ne compte pas :) Bonne journée !

Strangelove

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