Allez, il faut bien se lancer ! Ecrire une critique sur 2001 : L'Odyssée de l'espace s'avère être, pour ma part, un challenge totalement démesuré tant il heurte, ravit, dérange, tant il transporte, s'étend, sous-entend ... Une telle oeuvre est en soi indescriptible, inclassable et se veut de s'éloigner d'emblée de toute oeuvre un temps soi peu concrète, exacte et linéaire. Cette odyssée livrée par Stanley Kubrick reste et restera une ultime référence en matière de science fiction. Sorti en 1968, sa réputation fait de lui l'ultime film expérimental, qui dit "expérimental" dit "en avance sur son temps", qui dit en "avance sur son temps" dit "visionnaire". "Visionnaire", voilà le terme exact !
Divisé en quatre parties distinctes, il reste difficile de savoir de quoi parle réellement le film. Les dialogues ne sont certainement pas là pour le faire car comme je l'ai dit, quasiment chaque message est sous-entendu, à travers de longues séquences uniquement contemplatives mais à tel point riches qu'elles nous transportent, parfois sous une forme déconcertante, dans l'inconnu et mettent nos sens en éveil de manière foncièrement inédite. Le spectateur traverse, tout comme les protagonistes, les recoins les plus reculés de l'univers et de l'imagination, à tel point qu'il en ressent parfois une sorte de malaise mais compensé par une fascination intense. L'aspect visuel est effectivement l'essence même des valeurs qu'il transmet. Les effets spéciaux sont irréprochables. Froids et épurés, ils gardent toute leur valeur et paraissent même largement au-delà de ce que l'on peut voir maintenant. C'était en 1968, quoi !
Kubrick a décidément sa propre manière de représenter ce qu'il veut. A ses yeux, l'évolution de l'Homme est un tout d'une simplicité et d'une linéarité certifiées. Mais il la livre avec toute la finesse et le mysticisme nécessaires pour nous déconnecter de notre réalité. Car même si notre nature propre est, dans le fond, concernée par tout ce fil conducteur, Kubrick parvient à nous emmener au-delà même de nos rêves, de notre inconscient et de nos fondements. Comme quoi, L'Homme est une entité des plus complexes. Cette dualité exposée tout au long du film entre l'Homme et la machine le prouve clairement. L'Homme se surpasse toujours et va sans cesse au-delà de ses propres limites. Mais lorsqu'il a fini d'épuiser les ressources de la technologie, à quoi est-il résigné ? Au néant ? Au renouveau ?
2001 : L'Odyssée de l'espace, ou l'odyssée de l'Homme. Peu importe ! C'est plus qu'un film. Il dépasse indéniablement toute frontière connue dans le cinéma depuis son invention et se qualifie d'emblée comme la première et meilleure illustration de la métaphysique à l'ère spatiale. Chaque instant est d'une richesse troublante, au détail près, laissant libre cours à de multiples interprétations. 2001 n'a décidément pas pris la moindre ride tant le spectacle est beau. Il marque ainsi un nouvel apogée du cinéma après d'autres bien notoires et restera une ultime référence en matière de science fiction. Une telle perfection rend déconcertant, les mots peinent à se suivre et à se faire comprendre. Peut-être n'ai-je pas encore atterri...