Est-il besoin de présenter ce très grand classique du cinéma, sans doute l'un des deux ou trois meilleurs films américains jamais réalisés?
Ce qui frappe à l'esprit, à la deuxième ou troisième (à moins que ce ne soit la quatrième?) vision, c'est la radicalité de l'objet. 4 parties bien distinctes, 2h20 de durée, très peu de dialogues, une fin totalement incompréhensible.
A sa sortie, le film n'a pas été très apprécié, et ce n'est pas étonnant. 44 ans après, c'est un classique absolu. C'est quand même très fort de réussir à imposer au public un produit aussi peu conventionnel, et encore moins commercial. Preuve que le public est beaucoup moins crétin qu'on croit, et qu'il peut aimer des films difficiles, pourvu qu'ils soient très bien faits.
La première heure manque de sel, il faut bien le dire, bien qu'on soit déjà frappé par la virtuosité de la mise en scène. Ce sont les parties 3 et 4 qui valent le détour. Une séquence magnifique, où le héros sort dans un espace vide et muet pour tenter d'éliminer l'ordinateur qui a massacré toute son équipe, et l'ordinateur qui, avec une troublante humanité, le supplie de le laisser vivre. Enfin, la séquence finale, complètement hallucinante, qui est sans doute le plus grand trip de l'histoire du cinéma.
En 44 ans, le film a à peine vieilli, et c'est cela qui est sans doute le plus impressionnant. Il nous dit toujours quelque chose sur cette immensité vide et incompréhensible qu'est l'espace, sur l'absolue étrangeté de l'ailleurs, inintelligible puisqu'en dehors de notre petite Terre qui est notre seul espace de référence.
C'est parce qu'il est incompréhensible que ce film fascine toujours autant. Les réalisateurs contemporains, avec leurs films trop faciles à assimiler, feraient bien de retenir la leçon. Il n'y a que David Lynch, Francis Ford Coppola avec Apocalypse Now, et Terrence Malick, qui aient réussi à se mettre à la hauteur de Stanley Kubrick.