Je dois avouer que c'est avec le coeur lourd que je rédige cette critique, c'est pas facile de se présenter des excuses à soi même après des croyances vieilles de 15 ans. Je ne sais pas à combien de personnes j'ai dit que je trouvais ce monument de Kubrick surfait, chiant à souhait, beaucoup trop pompeux...
J'aurais pu écrire des tartines de conneries condescendantes que j'aurais pu bien regretter aujourd'hui, j'aurais sans doute tenter d'expliquer pourquoi il ne fallait pas ériger une statue à un usurpateur.
Et puis en ce Mardi 30 Juin, tout a changé, je me suis coupé du monde, installé dans mon canapé, lancé le film et... le temps que je comprenne et que j'analyse ce qui se déroulait sous mes yeux, c'était déjà trop tard le générique de fin commençait à prendre forme, que s'est t-il passé durant ces 3 heures, je ne suis pas vraiment sûr. Ces 20 minutes sans le moindre acteur devant la caméra, laissant libre court à des plan de hautes voltiges, ces étendues lointaines qui donnent le vertige, cette atmosphère qui se décompose et se distille avec parcimonie. Les premières lignes de dialogue entre en lice et cette fois ce n'est pas l'ennui qui pointe le bout de son nez mais une soif de curiosité presque maladive, je veux tout voir, tout savoir, qui, quoi, comment, pourquoi, qui suis-je, ou vais-je, être ou ne pas être...
Puis cette montée en apesanteur avec ces compositions divines ont eu raison du reste de mes réticences encore sous-jacentes écrasées les unes après les autres. Kubrick réalise ici une telle oeuvre, il y met une telle énergie, il essaie tellement d'atteindre la perfection qu'il perd au passage nombre d’hérétiques dont je faisais encore partie il y a quelques heures, qui ne réalisent peut être pas l'ampleur du boulot réalise. En découle d'ailleurs cet accueil mitigé lors de sa sortie puis cette aura quasi divine qui finit par lui coller à la peau au fil des années.
Je n'ai jamais autant aimé me tromper au sujet d'une oeuvre, si ça fait toujours mal de reconnaitre ses torts, c'est tellement plus puissant de se retrouver happé par une ode à la science fiction, tellement maitrisée, tellement puissante qu'elle arrive à quitter son ambiance malsaine et anxiogène en quelques secondes pour souffler un vent de fraicheur et de renaissance libérateur.
2001, l'Odyssée de l'espace est une expérience sensorielle qui dépasse par moment le cadre du simple film, format dans lequel il essaie souvent de se soustraire pour arriver à quelque chose d'indescriptible, tantôt poétique, philosophique, métaphysique, les questions ne cessent se tordre sans pour autant offrir les réponses souhaitées.
Il m'a fallu 15 ans pour y voir cette lueur unique qui m'a transpercé, je n'ose imaginer ce que je vais y découvrir dans les années à venir, sacré Stanley va, j'ai plus les mots, je vais juste me contenter de m'immerger dans les partitions lyriques que tu as choisi le reste de la soirée pour tenter d’atterrir...