Tout d'abord, je dois avouer que j'ai dû prendre beaucoup de recul et rédiger une nouvelle critique à froid pour pleinement rendre hommage à ce mythe si singulier et inégalable.
C'est un chef-d'oeuvre de la science-fiction pour ce qu'il a apporté au genre et au cinéma en général. Il a démocratisé la SF mature et réaliste (space-opera) en la faisant passer un cap aux yeux du grand public (dépassement du simple divertissement) et a été une vraie révolution, que ce soit pour son aspect formel (effets spéciaux, montage,décors...etc) mais aussi pour son fond avec une narration très suggérée et implicite et donc presque uniquement visuelle.. ("Rencontres du troisième type" de Spielberg, pourtant sortie quelques années après, était déjà ringardisé). Le script nous souligne les différentes étapes de l'évolution humaine et de ses liens avec l'outil et la machine de façon métaphorique, métaphysique, spirituelle, mystique, avec des thèmes de SF brillants et avant-gardistes. La lenteur peut, de façon assez compréhensible, rebuter, mais elle sied à merveille à la nature abstraite du récit. Elle renforce ici l'immersion, l'ambiance et la tension. L'ambiguité du long-métrage n'est ici jamais gratuite, et on a d'ailleurs un fil rouge scénaristique bien définissable. Question musique c'est dans la droite lignée du travail du maître, je vais donc simplement me contenter d'adresser une mention spéciale à la B.O présente lors des apparitions du monolithe noir, assez glaçante et atypique.
- C'est indéniablement le jalon cinématographique le plus important de l'ère science-fictionnelle depuis "Metropolis" de Fritz Lang (1927), avec "Blade runner" (1982) et peut-être "Le voyage dans la lune" de Melliès (1902), pour son caractère précurseur dans son orientation et pour sa nature subversive dans les codes du genre adopté. En tout les cas si on devrait retenir quatre dates dans la SF du 7ème art ça serait celles-ci d'après moi. Et si on devait ne retenir qu'un seul Kubrick, ça serait celui-ci tant c'est son film le plus fascinant et envoutant (on retrouve aussi un peu cette sensation dans son dernier-né "Eyes Wide Shut", je peux donc comprendre pourquoi SB considère ce dernier comme son meilleur film).
Franchement, s'il y a bien un film qui ne galvaude pas le terme "chef d'oeuvre" c'est bien celui-ci.