Le film préféré de mon père.
Je me rappelle aussi que le daron l'avait enregistré sur VHS mais que, malgré son introduction très marquante, je n'avais pas vraiment accroché la suite de cette odyssée kubrickienne...
En même temps, ça n'a rien de très étonnant. A 10 ans et quelques, tu n'as pas le recul, tu n'as peut-être pas non plus envie d'aimer les mêmes trucs que ton père, par principe, mais surtout tu n'as pas la patience : faut que ça bouge, que ça cause. La beauté ne suffit pas... Pas sur 2h40 en tout cas. Et c'est vrai que je l'ai longtemps boudé ce géant de la SF. Et si j'en avais rattrapé un bout il y a une dizaine d'années, cette fois-ci devait être la bonne. La maturité est là (enfin j'aime à le croire^^), les films de plus de deux grosses heures ne me font plus peur, mais surtout, ma capacité de contemplation a chassé la facilité de l'impatience. Un autre feu d'artifice, presque virginal, m'attendait donc en cette soirée du 15 août.
Et c'est clair que le générique te met direct les poils. Johann Strauss. Je ne sais pas si on peut faire plus culte, mais on ne doit pas en être loin... L'introduction, contemplative et résumant une partie de l'évolution de ce qui donnera cette étrange bestiole appelée "Homme", lui emboîte intelligemment le pas : l'hominidé n'est d'abord qu'un animal, mais il lui suffira d'un os pour s'outiller, s'armer, détruire, puis dominer. L'avènement de la technique pour le futur homo sapiens sapiens qui plus tard se fiera davantage à elle qu'à lui-même... Quant à la signification de cette immense plaque noire, j'en laisse l'interprétation aux spécialistes et fans de la première heure du film de Kubrick... C'est encore un peu tôt pour moi ! ^^
Mais lorsque l'os s'envole dans le ciel, il devient, quelques millions d'années plus tard, le grand vaisseau d'un ballet spatial. Johann Strauss II. L'Homme de nations réconciliées dans les étoiles communique avec la Terre par "Old-Skype", mange plus ou moins chimique, mais se fringue aussi un peu trop comme dans les 60's... Ce qui pour le coup fait un peu tâche. Mais on retient surtout un enchaînement de plans plus magnifiques les uns que les autres, parfois même émouvants... La lune est lente, la lune est belle, la lune hypnotise. Et sa base mystérieuse fascine.
Jupiter. Kubrick s'amuse avec la pesanteur animant l'impressionnant vaisseau de la mission, et ce pour notre plus grand plaisir. Pendant que de grands savants, hypnotisés par leurs écrans, n'hésitent pas à remettre leurs vies imparfaites aux câbles d'hibernations de ce qu'ils voudraient être l'infaillibilité scientifique. Un oeil rouge a pris la place de Dieu. Et une terrible impression de solitude se dégage de ces savants devenus comme mécaniques, tandis que l'oeil rouge s'humanisera jusqu'à développer leur peur de la mort. Comme si la machine aspirait l'essence humaine.
Malheureusement, si tout cela reste assez magnifique et profond, je dois bien admettre que l'intrigue ne m'a que trop rarement captivé ; d'où quelques décrochages - somme toute rapidement raccrochés comme le ferait un astronaute de sortie. Mais quelle importance lorsque ce novateur et divin final, construit d'images tantôt "lunaires" tantôt psychédéliques, vient nous cueillir au-delà de l'infini de l'alignement des planètes ? Grandiose et presque flippant à la fois, je me suis moi aussi senti comme oppressé par l'incarnation de cet univers qui me dépasse et m'interroge. Dépassé par le temps surtout, à l'image de cet épilogue aussi somptueux qu'énigmatique.
C'que c'est beau ! (et en plus elles passent assez vite ces 2h40, finalement...)
8,5/10