Un peu moins grand public que d'autres films populaires ayant l'espace en toiles de fonds (Alien, E.T, Rencontres du 3e type, Interstellar), il est évident que 2001 a mal vieilli sur certains plans et qu'il reste pourtant comme une expérience métaphysique à part.. l'histoire y est un prétexte pour que le spectateur soit amené à s'interroger sur les origines de l'intelligence humaine.
S'agit-il de la guerre ou de la coopération ? Dans un premier temps nous voyons des singes faire usage d'armes rustiques pour s'approprier un point d'eau face à d'autres singes. Ensuite nous assistons au combat d'une intelligence artificielle qui a été programmée pour ne jamais se tromper, refuser de reconnaître une erreur et de la corriger, face à des humains, dans un vaisseau spatial en route pour Jupiter. L'espace fermé des astronautes répond à l'espace ouvert des hominidés.
Ce n'est plus seulement un film sur l'espace, cet espace qui fascine et qui dans les yeux de Kubrik se dessine en majesté, en magnificence sur fonds d'une valse sérénissime de Strauss, c'est un film sur l'angoisse. Où la question qui est traitée est : comment s'extraire de l'angoisse de rencontrer une adversité ? Le film montre deux manières d'en sortir qui aboutissent à la même issue : la guerre. Dans les deux cas c'est le sentiment de solitude couplé avec l'orgueil qui produit la tragédie.
Enfin le film retourne le cerveau parce que le visuel est éblouissant , les cadrages sont pensés pour happer l'oeil ! Couplé avec l'ambiance et l'action, il produit l'émerveillement et le vertige.
Dans l'époque qui a vu naître ce film, il y a peu de projets et encore moins de cinéastes qui ont essayé de s'interroger sur le thème plutôt que d'en faire un objet de divertissement : John Boorman, Sam Peckinpah, Sidney Pollack , quelques uns comme ça.. Kubrik s'ajoute à la liste à partir des Sentiers de la Gloire qui montre des généraux responsables d'une lourde défaite mener une guerre à leurs propres hommes. 2001 est le prolongement d'une tâche de réflexion qui connaît son apogée dans la filmo de Kubrik. Et où la musique classique exprime le sentiment et la recherche de puissance qui animent les personnages.
Pour moi 2001 reste toujours un merveilleux souvenir, la promesse d'un rêve et un enseignement sur la nécessité de la Paix. Comme les oeuvres puissantes de ce temps, le film s'apprécie doublement en ayant conscience de la nouveauté qu'était la culture pacifiste révolutionnaire et de la dureté des rapports de force entre les libres penseurs et la religion. On rêvait ouvertement de l'espace, d'un empire spatial, la science-fiction spatiale a été un facteur puissament favorable à l'éclosion de 2001, et 2001 a favorisé en retour ce courant.